Alfred Reynès

1906 - 1970

Informations générales
  • Né le 20 juin 1906 à Lestrade-et-thouels (Aveyron - France)
  • Décédé le 30 septembre 1970 à Labarthe-inard (Haute-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Tarn
Groupe
Union et fraternité francaise

Biographies

Biographie de la IVe République

REYNÈS (Alfred, Firmin, Justin)
Né le 20 juin 1906 à Lestrade-et-Thouels (Aveyron)
Décédé le 30 septembre 1970 à Labarthe-Inard (Haute-Garonne)

Député du Tarn de 1956 à 1958

Alfred Reynès est fils d’un représentant en produits pharmaceutiques. Son entrée en politique est assez précoce puisque, dès avant 1940, il est un membre actif du Parti démocrate populaire (PDP) et militant des mouvements catholiques de jeunesse. Il est candidat malheureux sur une liste MRP aux élections municipales de 1953, à Albi. La trajectoire politique d’Alfred Reynès prend une dimension nationale avec son élection comme député Union et fraternité française (UFF), à la faveur de la vague poujadiste du 2 janvier 1956.
Quand le mouvement Poujade apparaît dans le Tarn, en 1954, Alfred Reynès est propriétaire d’une imprimerie à Albi et dirige la papeterie du Vicomte, à Labarthe-Inard, en Haute-Garonne, entreprise au sujet de laquelle il est déjà en délicatesse avec l’administration fiscale. Adhérent à l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) de Pierre Poujade, il devient président de la section d’Albi, et développe alors les thèmes de prédilection du mouvement, notamment celui de l’allègement des charges qui pèsent sur les petits patrons. Il participe, en tant que délégué départemental du mouvement, au rassemblement du 24 janvier 1955 à Paris, au cours duquel le principe de la grève de l’impôt est adopté ; Alfred Reynès fait adopter cette consigne par les militants albigeois au cours d’une réunion, le 1er février. Le 16 novembre 1955, Alfred Reynès laisse la présidence de la section de l’UDCA d’Albi à Roland Kléber, et en devient président d’honneur.
Lors des élections législatives du 2 janvier 1956, la liste Union et fraternité française qu’il dirige recueille 14,1 % des suffrages exprimés, se plaçant en quatrième position derrière les listes communiste, socialiste et démocrate-chrétienne. Les cantons où les scores poujadistes sont les plus élevés sont situés à l’est et au nord-ouest du département, en particulier dans l’arrondissement électoral de Gaillac. Alfred Reynès est élu. Une fois son élection validée, le 3 février, il est appartient successivement aux commissions du travail et de la sécurité sociale (1956-1957), de la justice et de la législation (1956-1957) et puis du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (1957-1958). Il est membre suppléant de la commission des finances durant l’année 1956.
Alfred Reynès participe à des meetings, comme à Bagnères-de-Luchon, le 27 mars 1956, lors duquel il dénonce les invalidations, critique les moeurs parlementaires et prône une réduction du train de vie de l’Etat. Il prend également la parole le 16 juillet 1957 à Albi, aux côtés de Pierre Poujade. Il participe à des oppositions à des contrôles fiscaux, par exemple à Saint-Gaudens, le 8 janvier 1957. En 1956, son nom est cité dans un scandale immobilier, concernant la vente d’un lotissement d’Albi. Ses adversaires politiques s’efforcent d’utiliser cette affaire pour affaiblir les positions poujadistes.
Les votes d’Alfred Reynès au Palais-Bourbon illustrent l’opposition poujadiste au régime. Il vote contre l’investiture de la plupart des présidents du Conseil, parmi lesquels Guy Mollet (31 janvier 1956), Maurice Bourgès-Maunoury (12 juin 1957), Félix Gaillard (5 novembre 1957). Il ne prend cependant pas part au scrutin sur l’investiture de Pierre Pflimlin, le 13 mai 1958. Il s’abstient également sur les pouvoirs spéciaux en Algérie, le 12 mars 1956, mais se prononce contre ces derniers, le 12 novembre 1957. Le 31 octobre 1956, Alfred Reynès vote contre l’expédition de Suez, conformément aux consignes données par Pierre Poujade. Comme ses collègues poujadistes, il vote également contre le projet de loi-cadre en Algérie, le 30 septembre 1957.
Le député poujadiste du Tarn ne dépose aucun texte. En séance publique, il déploie le style oratoire vigoureux qui caractérise nombre d’orateurs poujadistes. Il est, d’ailleurs, rappelé à l’ordre à deux reprises, d’abord lors de la discussion sur l’invalidation des députés élus sous l’étiquette Union et Fraternité Française, le 21 février 1956, puis au cours de la discussion sur les dépenses militaires, le 25 juillet 1956. Parmi ses sept interventions de la législature, les deux plus notables concernent peut-être la réforme de la taxe locale, qu’il souhaite voir remplacée par une taxe sur l’énergie, le 14 novembre 1956. Puis, le 19 décembre 1956, à l’occasion des interpellations sur la politique extérieure du gouvernement, il livre ses observations sur l’échec de l’opération de Suez, qui relèvent d’un violent réquisitoire contre « tous ceux qui passent à la caisse du système », caractéristique de la dénonciation poujadiste des gouvernements de la Quatrième République, taxés de mollesse. Il souligne les conséquences de cette politique : le renforcement du prestige du colonel Nasser, les abandons consentis par la France au profit du Maroc, de la Tunisie et de la Libye, ainsi que l’isolement diplomatique de la France ou les dysfonctionnements de l’Organisation des Nations unies (ONU). A cette occasion, Alfred Reynès demande que la France quitte l’organisation internationale, organisation, selon lui, complice des rebelles algériens. Le député du Tarn n’oublie pas d’évoquer les questions sociales, en prenant part aussi à la discussion d’un projet de loi modifiant le régime des congés payés. A cet égard, 23 février 1956, il dépose un amendement visant à l’exonération des charges sociales pour tous les salaires versés au titre des congés payés.
Le 1er juin 1958, il vote la confiance au général de Gaulle. Le 2 juin, comme la plupart des députés issus de l’UDCA, il ne prend pas part au vote sur les pleins pouvoirs à de Gaulle, alors que Pierre Poujade a donné la consigne de voter « contre ». Il se prononce en faveur de la révision constitutionnelle. Ce désaccord montre que la trajectoire d’Alfred Reynès est la même que celle d’un certain nombre de ses collègues du groupe Union et fraternité française : une rupture avec Poujade quand celui-ci décide de s’opposer systématiquement au général de Gaulle, et de s’aligner sur l’extrémisme des factions algéroises.
Sa carrière prend fin avec l’échéance de son mandat de député, en 1958. Alfred Reynès disparaît le 30 septembre 1970 à Labarthe-Inard (Haute-Garonne).