Furcie Tirolien

1886 - 1981

Informations générales
  • Né le 30 janvier 1886 à Grand-bourg (Guadeloupe - France)
  • Décédé le 28 août 1981 à Grand-bourg (Guadeloupe - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Guadeloupe
Groupe
Rassemblement du peuple français
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Guadeloupe
Groupe
Républicains sociaux

Biographies

Biographie de la IVe République

TIROLIEN (Furcie)
Né le 30 janvier 1886 à Grand-Bourg (Guadeloupe)
Décédé le 28 août 1981 à Grand-Bourg

Député de la Guadeloupe de 1951 à 1958

Né le 30 janvier 1886 à Grand-Bourg de Marie-Galante, Furcie Tirolien choisit la carrière de l’enseignement. Après son CAP, il officie en Guadeloupe comme instituteur de l’école publique. Il épouse, le 29 avril 1916, Léontine Alméda Colonneau, elle aussi native de Grand-Bourg. Un enfant naît de cette union. Parallèlement à ses activités professionnelles, Furcie Tirolien se lance dans la vie politique.

En 1925, il est élu, sous les couleurs du parti radical, maire de sa commune de naissance. Grand-Bourg devient alors sa position de force sur la scène politique guadeloupéenne, puisqu’il occupe cette charge jusqu’en 1965, à l’exception notable de la période de la seconde guerre mondiale. Trois ans plus tard, il remporte le siège de conseiller général de son canton, qu’il conserve jusqu’en 1970. Son ascension politique se poursuit au niveau de l’archipel guadeloupéen puisqu’il est président du Conseil général entre 1931 et 1935 et entre 1938 et 1939. La guerre entraîne toutefois un coup d’arrêt dans sa carrière.

Coupées de la métropole après le désastre de 1940 et le blocus imposé par la Royal Navy, la Guadeloupe et la Martinique sont gouvernées par un maréchaliste, l’amiral Robert. Pour sa part, l’instituteur laïc républicain et radical Furcie Tirolien ne trouve guère à son goût la « Révolution nationale ». Les autorités vichystes de l’île ne l’ignorent pas et usent de sa mauvaise gestion financière de Grand-Bourg afin de l’« abattre » politiquement. A la Libération, il est entièrement réhabilité par la justice et reçoit même la médaille de la Résistance pour son action pendant le conflit.
Après guerre, Furcie Tirolien est facilement réélu à Grand-Bourg et retrouve également son siège de conseiller général, sous la bannière radicale. Il est alors incontestablement la personnalité politique la plus importante de Marie-Galante. Ce « bastion » lui permet comme avant-guerre de rayonner sur la scène politique guadeloupéenne par ailleurs extrêmement confuse tant les alliances se font et se défont suivant les opportunités. Dès 1947, Furcie Tirolien rejoint les rangs du Rassemblement du peuple français (RPF) dont il devient l’un des piliers locaux. Le gaullisme en Guadeloupe est alors dominé par la figure de la veuve de Félix Eboué - ancien gouverneur de l’île entre 1936 et 1938 – Eugénie Eboué-Tell qui vient elle-même de la SFIO. Furcie Tirolien participe activement à la vie du mouvement gaulliste en sa qualité de membre du Comité départemental. En 1948, lors des élections sénatoriales de novembre, il s’oppose, dans un premier temps, à la constitution d’une liste Eboué-Satineau ; ce dernier – étiqueté « Rassemblement des gauches républicaines – RGR » - a été l’adversaire de la veuve du gouverneur de la France libre, lors des élections de 1946. Mais Furcie Tirolien finit par céder, ce qui permet une victoire, certes difficile, de cette liste. Il est vrai qu’il entretient d’excellentes relations avec Eugénie Eboué-Tell qui fait partie de sa majorité municipale à Grand-Bourg.

Aux élections cantonales qui se tiennent les 2 et 9 octobre 1949 en Guadeloupe, il est de nouveau réélu dans le premier canton de Marie-Galante. Le RPF remporte une majorité très précaire qui permet néanmoins au maire de Grand-Bourg de retrouver, non sans difficultés, la présidence du Conseil général. Furcie Tirolien est parvenu à écarter, avec l’aide de Maurice Satineau, un autre gaulliste, Médard Albrand. Les militants RPF n’apprécient guère la manoeuvre de cet ancien membre du parti radical qui, à l’évidence, a conservé beaucoup de contacts avec le RGR. Ces rivalités internes ressurgissent au point qu’en 1950, l’opposition entre Médard Albrand et Furcie Tirolien fait cette fois perdre la présidence du Conseil général au RPF. Au cours de l’année 1950, l’influence de Furcie Tirolien continue ainsi à décroître, au détriment de Médard Albrand qui est, quant à lui, élu conseiller de l’Union Française.

L’année 1951 lui permet néanmoins de revenir au tout premier plan de la scène politique guadeloupéenne. Grâce au soutien décisif d’Eugénie Eboué-Tell, qui a reçu les pleins pouvoirs du secrétariat général du RPF, il est désigné pour être le numéro un sur la liste présentée par le mouvement gaulliste et le RGR. La deuxième place est attribuée à un candidat du RGR en la personne de Fernand Balin. A sa suite se trouve la personne initialement proposée par le comité RPF local, Marie-Joseph Letain. Vingt membres du comité sur trente-six donnent alors leur démission pour protester contre la confection de cette liste. Furcie Tirolien mène campagne essentiellement sur les problèmes locaux, plaçant toutefois sa candidature sous le haut patronage du général de Gaulle. Ainsi, dans sa profession de foi, se trouvent pêle-mêle des références propres au programme gaulliste métropolitain (association capital-travail, allocation éducation) et d’autres plus spécifiques à la Guadeloupe (amélioration des cases, revalorisation du pouvoir d’achat en luttant contre les monopoles des transports et leur coût prohibitif, revalorisation des produits agricoles ou développement du tourisme). Au soir du 17 juin 1951, Furcie Tirolien est élu avec 31,9 % des suffrages exprimés, ainsi que deux des trois députés sortants : le communiste Rosan Girard (44,4 %) et le socialiste Paul Valentino (22,8 %).
Une fois au Palais Bourbon, Furcie Tirolien rencontre cependant de sérieuses difficultés pour faire valider son élection par l’Assemblée. Rosan Girard le met personnellement en cause et réclame son invalidation, également pour des opérations de fraude électorale. Le 26 juin, l’Assemblée valide néanmoins son élection, faute de preuves pouvant étayer les accusations portées par son concurrent communiste. Le maire de Grand-Bourg adhère dès lors au groupe RPF dirigé par Jacques Soustelle. Il est nommé à la commission de l’intérieur dans laquelle il siège de 1951 à 1955, ainsi qu’à la commission des moyens de communication et du tourisme (1951-1952). De 1952 à 1955, il participe aussi aux travaux de la commission de la marine marchande et des pêches. Enfin, il siège à la commission de l’éducation nationale, en 1955.

Les six interventions en séance du député Furcie Tirolien se concentrent sur les problèmes spécifiques à la Guadeloupe. Il fustige, à plusieurs reprises, le fait que le statut de département d’Outre-mer (DOM, 1946) n’apporte pas les mêmes droits aux Guadeloupéens que dans un département métropolitain. Il dépose deux propositions de loi sous la législature 1951-1955. Le 26 février 1953, l’un de ces deux textes tend à abroger la loi n° 50-1548 du 16 décembre 1950 modifiant pour les départements de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de la Réunion, la législation électorale et toutes autres contraires à la loi d’assimilation du 26 mars 1946. Il intervient de même, le 11 février 1954, toujours au nom d’une véritable assimilation, réclamant l’extension des lois de Sécurité sociale et des assurances sociales aux DOM suivant les normes métropolitaines. Il intervient à six reprises en séance publique, en déposant notamment, le 28 janvier 1955 et le 25 mars de la même année, une demande d’interpellation sur le recensement effectué à la Guadeloupe.

Sa présence à Paris ne signifie nullement la fin des oppositions locales tant au sein du comité RPF guadeloupéen qu’avec les communistes. Ainsi approuve-t-il pleinement la dissolution, par décret, le 24 décembre 1953, du Conseil général de Guadeloupe, à la suite de plusieurs mois de désaccord avec le représentant du Gouvernement. Furcie Tirolien condamne à cette occasion le rôle néfaste des communistes, qualifiés de « séparatistes ambitieux ». Le 23 février 1954, il dépose une proposition de loi tendant à modifier la date des élections cantonales dans le département de la Guadeloupe et, le 9 juillet suivant, il approuve le projet gouvernemental de reconstitution du Conseil général et la tenue d’un nouveau scrutin qui rencontre l’opposition des communistes.

Son action parlementaire vise également à soutenir l’activité économique en Guadeloupe. Lors des débats sur le projet de loi de finances, le 4 mars 1955, Furcie Tirolien prend la défense de l’industrie sucrière. Il condamne la politique des contingentements de sucre qu’il considère insuffisants et réclame des aides du gouvernement afin d’obtenir la parité des prix des sucres des DOM « départ usine » avec ceux du sucre métropolitain « départ usine ». Ses adversaires politiques guadeloupéens lui reprochent d’ailleurs d’avoir partie liée avec les « Sucriers » et les « Bananiers » de l’île et de recevoir d’eux des subsides pour ses campagnes électorales. En outre, si ses relations avec les comités successifs du RPF local ne sont pas toujours très bonnes, Furcie Tirolien demeure cependant solidement ancré dans la mouvance gaulliste. Ses contacts avec Jacques Foccart, très actif dans les Antilles, le servent beaucoup. En mai 1953, le général de Gaulle retire l’étiquette RPF au groupe parlementaire de l’Assemblée nationale. Furcie Tirolien s’inscrit immédiatement au groupe des Républicains sociaux.

Pour le député sortant de la Martinique, les élections législatives de janvier 1956 se présentent sous de meilleurs auspices puisque l’élu SFIO à l’Assemblée nationale, Paul Valentino, lui aussi sortant, se retire au profit de Pierre Monnerville, le frère du président du Conseil de la République. Le maire de Grand-Bourg retrouve cependant toujours face à lui le communiste Rosan Girard. Mais, au cours de ce premier mandat, Furcie Tirolien a su consolider sa position locale. Il axe en conséquence sa campagne sur son activité au Palais-Bourbon et sur les problèmes de développement économique de la Guadeloupe. Aussi, au soir du scrutin, est-il aisément réélu avec 33,4 % des suffrages exprimés, à la tête d’une liste du Rassemblement français présentée par les partis RGR et républicain social, contre 46,2 % pour Rosan Girard et 20,1 % pour Pierre Monnerville.

Au Palais-Bourbon, Furcie Tirolien reste fidèle au groupe des Républicains sociaux. Il est également membre titulaire de la commission des immunités parlementaires (1956-1958). Il siège, en outre, à la commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (1956-1957) et à la commission de l’intérieur (1956-1958). Plus encore que sous la législature précédente, son action s’inscrit dans la défense des intérêts de sa circonscription. Le 25 octobre 1956, il dépose en ce sens une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement à accorder des aides d’urgence à la Guadeloupe, à la suite du cyclone du 11 août précédent. Le député-maire de Grand-Bourg dépose également, le 5 mars 1957, une proposition de loi tendant au rétablissement des justices de paix à compétence étendue de Marie-Galante, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, dépendant de la Guadeloupe.

L’avènement de la Cinquième République sonne le glas de sa carrière nationale. En novembre 1958, il ne se représente pas, mais conserve encore un temps ses mandats locaux. Furcie Tirolien décède le 28 août 1981 à Grand-Bourg.