Emmanuel Véry-Hermence

1904 - 1966

Informations générales
  • Né le 31 mars 1904 à Sainte-marie (Martinique - France)
  • Décédé le 19 juin 1966 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Martinique
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Martinique
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Martinique
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Martinique
Groupe
Socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 18 novembre 1962 au 19 juin 1966
Département
Martinique
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la IVe République

VÉRY (Emmanuel, Auguste, Irénée, dit Hermence)
Né le 31 mars 1904 à Sainte-Marie (Martinique)
Décédé le 19 juin 1966 à Paris XVIIème (Seine)

Député de la Martinique de 1946 à 1958

Hermence Véry fait ses études à la faculté de médecine de Toulouse et y obtient son diplôme de médecine coloniale. Il exerce au début des années trente à la Martinique. En 1936, il adhère à la fédération socialiste qui vient d’être réorganisée et est élu conseiller général SFIO du canton de Trinité. L’année suivante, il devient président de l’assemblée départementale et le demeure jusqu’à la guerre. Depuis 1940, le haut-commissaire nommé par Pétain, l’amiral Robert, maintient les Antilles françaises dans l’obédience du gouvernement de Vichy. Au début de l’année 1943, Hermence Very entre au Comité de Libération de la Martinique, constitué par le député-maire de Fort-de-France, Victor Sévère, et participe à la libération de l’île par une population en liesse en juin 1943. Il s’engage alors dans les Forces françaises libres (FFL), et combat en France, ce qui lui vaut la croix de guerre.
Vice-président du Comité de Libération et réélu conseiller général de la Martinique en septembre, Hermence Véry est tout désigné pour mener la liste SFIO lors des élections à l’Assemblée nationale constituante, en octobre 1945. Mais avec 5 091 voix, soit 35 % des suffrages exprimés, il est battu par le candidat communiste Léopold Bissol (56,4 %), dans la deuxième circonscription. S’il ne se représente pas en juin 1946 à la seconde Assemblée nationale constituante, il tente à nouveau sa chance en novembre. Le département de la Martinique ne constitue plus qu’une seule circonscription. Hermence Véry a pour principal adversaire la liste communiste menée par le député-maire sortant de Fort-de-France, Aimé Césaire. Il est élu avec 12 647 voix, soit 22,9 % des suffrages exprimés, mais est devancé par les deux communistes, Césaire et Bissol, qui remportent 63 % des suffrages. En février 1947, il entre à la commission de la famille, de la population et de la santé publique et y siège jusqu’en 1951. Il appartient à celle des moyens de communication (1948-1950), à celle du ravitaillement (1949-1950), enfin à celle de l’intérieur (1950-1951), commission dont il est le secrétaire en 1950 et 1951. Il est également nommé juré à la Haute Cour de Justice en 1948. Il est également élu secrétaire de l’Assemblée nationale, le 11 janvier 1949.
Son activité législative est importante. Au cours de cette première législature de la Quatrième République, il dépose trois propositions de loi, deux propositions de résolution, trois rapports et trois rapports supplémentaires. Ces initiatives parlementaires portent, en particulier, sur les sinistres de la Martinique frappée par diverses catastrophes naturelles (novembre 1948 et novembre 1950) et sur le statut des personnels des services de conditionnement dans les Antilles, qu’il souhaite voir aligné sur celui de la métropole (juin et décembre 1950, février 1951). Il intervient régulièrement dans les débats sur l’Outre-mer, dans le but d’éviter les inconvénients de l’assimilation, tels que les impôts, mais qu’ils bénéficient aussi d’une législation sociale de progrès. Le 16 mars 1951, il déclare : « Je vous dit en toute liberté, en toute indépendance, que le gouvernement a parfois manqué de sollicitude à l’égard de nos départements d’Outre-mer. Il est même exact que, lors de certains votes, ma conscience a pu hésiter. Mais j’ai toujours voté pour le gouvernement (…) parce que au-dessus de notre département, il y avait la mère patrie. (…) Il est probable que les populations subiraient cet état de chose sans maugréer si elles avaient seulement le sentiment qu’on leur applique les mesures sociales métropolitaines parallèlement aux charges, mêmes accrues. Mais elles se rendent compte, au contraire, que rien n’est fait, semble-t-il, pour leur épargner l’humiliation et la suprême injure d’être considérées comme des Français de seconde zone, alors qu’elles ont toujours revendiqué la première place au moment des devoirs périlleux. Je dis bien Français de seconde zone, car pour tous les avantages résultant des lois sociales, on invoque je ne sais quel particularisme pour les restreindre et même les supprimer ». Il intervient à l’occasion de huit débats différents, défend deux amendements et, le 17 mai 1950, remplit les fonctions de rapporteur d’une proposition de résolution relative à la situation des fonctionnaires des territoires d’Outre-mer, à la suite des grèves. En séance, il vote avec le groupe socialiste le départ des ministres communistes du gouvernement Ramadier (4 mai 1947), le statut de l’Algérie (août 1947), la ratification du plan Marshall (juillet 1948), la création du Conseil de l’Europe et le Pacte atlantique (juillet 1949) et refuse un statut particulier aux écoles privées des houillères nationalisées (mai 1948). En revanche, il est autorisé par son groupe à ne pas accorder sa confiance au gouvernement Queuille, parce que ce dernier n’a toujours pas promulgué l’instauration du collège unique Outre-mer pour les prochaines élections (12 mai 1951).
En juin 1951, Hermence Véry, bien que battu aux cantonales de 1949, mène à nouveau la liste socialiste en Martinique. Dans sa profession de foi, il proclame son attachement à la République et propose des réformes économiques et sociales immédiates. Avec 11 062 voix, soit 16,8 % des suffrages exprimés, il est réélu. Mais, en comparaison avec l’année 1946, l’écart se creuse avec ses adversaires communistes, Césaire et Bissol, qui se maintiennent avec 62,8 %, alors que lui-même perd des voix au profit de la nouvelle liste du Rassemblement du peuple français (RPF). Il est membre de la commission de la justice et de la législation (1951-1955) et retrouve celle de l’intérieur (1951-1954), dont il est à nouveau le secrétaire. Il continue à œuvrer en faveur des départements ultramarins, notamment en défendant la rémunération de leurs fonctionnaires (septembre 1951, avril 1952 et juillet 1953) et en réclamant l’application du crédit agricole mutuel prévu en 1947. Pour ce faire, il dépose six propositions de loi, trois propositions de résolution et deux rapports. Il intervient à dix reprises en séance pour dénoncer, notamment, la discrimination raciale dans le traitement des fonctionnaires en poste Outre Mer (10 juin 1953), pour interpeller le gouvernement sur la situation sociale après les grèves d’août 1953, lui reprochant de ne pas tenir ses promesses. Et il met en garde l’Assemblée en ces termes : « N’abusez ni de notre patience, ni même de notre patriotisme. A défaut de révolte ou de toute idée séparatiste, vous obtiendrez la désaffection, le dégoût et le mépris pour ceux qui ne continuent la belle tradition de la France » (6 janvier 1954). Au cours de son second mandat, il défend quatre amendements et remplit les fonctions de rapporteur d’une proposition de loi concernant la rémunération des fonctionnaires des départements d’Outre-mer, combat qui lui est cher. Membre du Grand Orient de France, appartenant à la loge Tradition maçonnique de Paris, il soutient le combat laïque des socialistes et s’oppose à la loi Marie-Barangé favorable à l’enseignement privé. Avec le reste de son groupe, il approuve la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA, décembre 1951), et investit le gouvernement de Pierre Mendès France (17 juin 1954). Alors que le projet d’une Communauté européenne de défense (CED) déchire le parti socialiste, et que lui-même le désapprouve en signant Contre la petite Europe cléricale et réactionnaire avec d’autres camarades, il se montre discipliné et vote avec Guy Mollet la ratification du traité, qui est néanmoins rejetée (10 août 1954).
En janvier 1956, Hermence Véry, qui a été élu maire de Sainte-Marie en 1953, conduit une liste d’Union républicaine, apparentée au Front républicain de Pierre Mendès France et de Guy Mollet. Dénonçant « la politique réactionnaire et l’immobilisme des partis de droite », et « la démagogie » du PCF qu’il qualifie de « parti national étranger », il réclame le relèvement du salaire minimum, une réforme fiscale et l’ouverture de grands travaux, entre autres. Avec 22 017 voix, soit 29,3 % des suffrages exprimés, il est élu et réduit l’écart avec ses éternels adversaires communistes (62,4 %), Césaire et Bissol, qui ont mené contre lui une campagne calomnieuse qui semble avoir choqué certains électeurs. Il revient à la commission de la justice et de la législation (1956-1957), et à celle de l’intérieur (1956-1958) où il retrouve son poste de secrétaire. Le 14 février 1956, il est nommé secrétaire de l’Assemblée nationale, poste qu’il a déjà occupé de 1949 à 1951. Et il entre également à la commission des boissons en octobre 1957, parce qu’une grave crise du rhum se fait sentir dans les Antilles et qu’il veut suivre son projet de loi autorisant le service des alcools à en acheter (mars 1956). Durant la dernière législature de la Quatrième République, il dépose deux propositions de loi et un rapport. Il intervient en séance, le 13 mars 1956, pour dénoncer les quotas qui frappent les productions de canne à sucre et de rhum, « sous prétexte » de défendre les productions métropolitaines, et qui provoquent une hausse du chômage au moment même où la Martinique connaît une importante poussée démographique. Il reprend aussi sa lutte pour améliorer le régime d’assurances sociales (février 1956) et les salaires des fonctionnaires (novembre 1956) dans les départements d’Outre-mer. Il défend un amendement tendant à fixer dans les départements d’Outre-mer, un fonds national de solidarité au même taux que dans la métropole et à l’étendre aux non-salariés (3 mai 1956). Avec son groupe, il investit le gouvernement socialiste de Guy Mollet le 5 février 1956, et soutient sa politique algérienne en lui accordant les pouvoirs spéciaux (mars 1956), qu’il renouvelle d’ailleurs au gouvernement de Félix Gaillard (novembre 1957). Il ratifie le traité de Rome instaurant la Communauté économique européenne (CEE) et l’Euratom (juillet 1957). Lors de la crise de mai 1958, qui entraîne la chute de la Quatrième République, il est retenu dans son département. Les 1er et 2 juin, alors que le groupe socialiste se divise, il s’abstient de participer aux votes sur l’investiture du général de Gaulle et sur les pleins pouvoirs que celui-ci réclame. Néanmoins, ce même 2 juin, il vote la révision constitutionnelle avec Guy Mollet et les partisans du Général.
Hermence Véry est réélu député socialiste de la Martinique en novembre 1958, au second tour, avec 10 673 voix, soit 47,1 % des suffrages exprimés. Il en est de même en novembre 1962, dès le premier tour, avec 13 278 voix, soit 62,1 % des suffrages exprimés. Dans ses campagnes électorales, il lutte contre les velléités indépendantistes des progressistes et des communistes, et préconise une véritable assimilation, grâce à la départementalisation. Le député-maire de Sainte-Marie décède en cours de mandat, le 19 juin 1966, à l’âge de soixante-deux ans.