Pierre, Joseph, Louis, Léon Vitter
1913 - 1995
VITTER (Pierre, Joseph, Louis, Léon)
Né le 29 octobre 1913 à Gray (Haute-Saône)
Décédé le 20 octobre 1995 à Gray
Sénateur de la Haute-Saône de 1948 à 1952
Député de la Haute-Saône de 1956 à 1958
D’origine familiale franc-comtoise, Pierre Vitter naquit à Gray, petite ville industrielle située sur la rive gauche de la Saône. Après ses études qu’il termine avec un diplôme d’optométrie et de phytopharmacie, il s’y installe comme pharmacien. Mobilisé en septembre 1939, il participe ensuite activement à la Résistance en Franche-Comté. Il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) dès le lancement de ce nouveau parti par Charles de Gaulle au printemps 1947 et, candidat aux élections municipales de l’automne suivant, il devient maire de Gray. Lors du scrutin de renouvellement du Conseil de la République, le 7 novembre 1948, il est choisi comme colistier de René Depreux, conseiller de la République sortant et maire de Froideconche, inscrit au groupe du Parti républicain de la liberté (PRL) et adhérent du Rassemblement. La Liste d’union républicaine pour le Rassemblement du peuple français l’emporte au second tour, face à quatre autres listes : PCF (49 et 48 voix, puis 38 et 34), SFIO (85 et 92 voix, puis 6 et 105), radicale (318 voix à Paul Besson, président du conseil général, et 310 à Georges Péquegnot, maire de Lure ; 377 et 278 au second tour), MRP (22 et 27 voix ; retrait au second tour). Les deux candidats investis par le RPF sont élus (410 et 396 voix, puis 446 et 439), mais seul Pierre Vitter s’inscrit au groupe de l’Action démocratique et républicaine, le groupe des élus gaullistes sans double appartenance, tandis que René Depreux reste inscrit à celui du PRL.
Pierre Vitter siège jusqu’en 1952, sans discontinuité, à la commission de la famille, de la population et de la santé publique, et à celle du travail et de la Sécurité sociale. Il déposa une proposition de loi, tendant à modifier la loi du 28 octobre 1946 sur les dommages de guerre en vue de supprimer tout abattement pour vétusté ou mauvais état dans le cas de locaux de faible valeur à destination mixte. Il présente un rapport au nom de la commission de la famille sur la proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, visant à faire procéder à un recensement général de la population, tant en métropole que dans les Territoires d’Outre-mer. Le 16 juin 1950, il intervient dans la discussion relative au développement des crédits de fonctionnement du ministère de la santé pour l’année 1950. L’année suivante, il présente un nouveau rapport au nom de la commission de la famille sur la proposition de résolution du sénateur gaulliste René Radius, voulant favoriser l’usage des produits chimiques de conservation dans la fabrication des conserves de poisson.
En octobre 1951, Pierre Vitter est élu conseiller général du canton de Gray, sous l’étiquette du RPF. Lors du renouvellement du Conseil de la République de mai 1952, la liste formée par les deux sortants et investie par le Rassemblement est battue par celle que conduit André Maroselli, ancien député radical-socialiste. Cet échec gaulliste en Haute-Saône s’inscrit dans le contexte plus large de la crise du RPF, déclenchée par l’investiture d’Antoine Pinay à la présidence du Conseil, le 6 mars 1952. L’organisation départementale gaulliste de Haute-Saône est l’une des plus touchées puisque les deux députés gaullistes élus le 17 juin 1951, Maurice Georges et Robert Montillot, ce dernier déjà député républicain de gauche de 1932 à 1936, puis du PRL de 1945 à 1951, entrent en dissidence et passent au Centre national des indépendants et paysans (CNIP), créé en décembre 1948 par le sénateur Roger Duchet. Le 31 mars 1953, les statuts d’un Centre départemental des indépendants de Haute-Saône sont déposés : Maurice Georges le préside. Comme la majorité des adhérents du RPF départemental, Pierre Vitter s’y rallie. Réélu maire en 1953 et conseiller général en 1955, il accède alors à la présidence du Conseil général. Il est candidat aux élections législatives anticipées du 2 janvier 1956, en deuxième place sur la liste du Centre national des indépendants, des paysans et d’action républicaine et sociale menée par Maurice Georges. Agé, Robert Montillot ne se représente pas. Neuf listes s’affrontent : PCF (18 465 voix), SFIO (5 206 voix), radicale-socialiste (33 693 voix ; André Maroselli élu), MRP (2 494 voix), Parti républicain paysan – nouvelle formation créée pour la circonstance par André Liautey, député sortant, dissident du CNIP – (6 626 voix), Groupement pour la réforme de l’Etat, conduite par Maurice Courrier – ancien compagnon d’André Liautey, il avait abandonné celui-ci depuis le scandale des « journaux fantômes » – (2 367 voix), et deux listes poujadistes apparentées (Union et fraternité française et Action civique : 8 850 voix au total). La liste modérée, avec 32 778 suffrages – après correction d’une erreur sur le procès-verbal qui avait privé Pierre Vitter de 1 000 suffrages – est légèrement distancée par la liste radicale. Mais, grâce à l’apparentement conclu (CNIP, MRP, Réforme de l’Etat), elle obtient deux des trois sièges du département. Pierre Vitter entre donc au Palais Bourbon.
Il est membre de la commission de la famille, de la population et de la santé publique (1956-1958), et de la commission de l’intérieur (1956-1958). Il dépose deux propositions de loi concernant les primes de construction de logements économiques et familiaux aux jeunes ménages et l’attribution de la prime de mère au foyer aux femmes d’exploitants agricoles, ainsi qu’une proposition de résolution visant à prolonger jusqu’à 23 ans le bénéfice des allocations familiales aux jeunes gens préparant les concours d’entrée aux grandes écoles. Il intervient dans la discussion sur la modification du budget de 1956, en juin de la même année.
Il est membre du groupe paysan, créé par Paul Antier en janvier 1956 et apparenté au groupe des Indépendants paysans d’action sociale, présidé par Antoine Pinay, pour regrouper ceux des députés modérés qui refusent encore la fusion complète du Parti paysan d’union sociale dans le CNIP. Toutefois, dans la crise de juillet 1957 qui secoue le Parti paysan d’Union sociale (PPUS), après que Paul Antier eut signé une alliance politique avec l’Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) de Pierre Poujade sans consulter les instances officielles de son parti, Pierre Vitter est de ceux – largement majoritaires – qui excluent le président-fondateur du parti. Il adhère au nouveau groupe paysan d’action sociale et rurale, présidé par Jean Laborbe, qui reste apparenté au groupe des Indépendants et paysans d’Action sociale (IPAS). Le 30 septembre 1957, contre l’avis du secrétariat général du CNIP, il vote contre le projet de loi-cadre pour l’Algérie, présenté par le gouvernement de Maurice Bourgès-Maunoury. Dans la crise du printemps 1958, il suit par contre fidèlement les dirigeants du CNIP – Roger Duchet, Antoine Pinay et René Coty – qui oeuvrent au retour au pouvoir de Charles de Gaulle.
Sa carrière parlementaire se poursuivit sous la Cinquième République. Investi par le CNIP dans la première circonscription de la Haute-Saône aux élections législatives de novembre 1958, Pierre Vitter est réélu député et s’inscrit au groupe des IPAS. A l’automne 1962, il opte pour les partisans de Valéry Giscard d’Estaing, hostiles à la position adoptée par la direction du Centre national sur la réforme du mode de désignation du président de la République. Il siège dès lors au groupe des Républicains indépendants.
Il disparaît le 20 octobre 1995.