Jacques Weinman

1906 - 1977

Informations générales
  • Né le 7 août 1906 à Besançon (Doubs - France)
  • Décédé le 8 mai 1977 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Doubs
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Doubs
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Doubs
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Doubs
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 8 mai 1977
Département
Doubs
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

WEINMAN (Jacques, André)
Né le 7 août 1906 à Besançon (Doubs).
Décédé le 8 mai 1977 à Paris

Député du Doubs de 1958 à 1977

Né à Besançon dans une famille de commerçants en bijouterie, Jacques Weinman a la douleur de perdre ses deux parents alors qu’il est à peine âgé de seize ans. Cette circonstance le conduit à abandonner les études supérieures malgré son goût très vif pour le travail intellectuel. Entré à un modeste poste d’employé dans une compagnie d’assurances, il ne cessera d’en gravir les échelons jusqu’à y occuper des responsabilités de premier plan à la veille de son élection à l’Assemblée nationale. De graves difficultés de santé font exempter Jacques Weinman de service militaire, mais le jeune Bisontin, soucieux se servir son pays, se porte volontaire pour effectuer des périodes dans l’armée de l’air. Engagé volontaire dès septembre 1939, il pilote des avions de reconnaissance en métropole, puis en Tunisie jusqu’en juin 1940.
La défaite et la politique de collaboration apparaissent inacceptables à Jacques Weinman et à son épouse. Ils décident très rapidement de s’engager dans la Résistance et participent aux opérations menées contre les liaisons ferroviaires allemandes dans le secteur du tunnel de Chalezeulle, à l’est de Besançon. Recherché par la Gestapo, Jacques Weinman gagne la Suisse, où les autorités judiciaires le condamnent à quatre mois de prison pour franchissement illégal de la frontière. Il s’évade alors pour rejoindre la Franche-Comté et renouer avec l’action clandestine. Jacques Weinman se distingue ensuite dans les combats qui opposent forces d’occupation et maquisards dans la vallée de l’Ognon, entre Haute-Saône et Doubs. Le courage des époux Weinman est reconnu à la Libération : Jacques est décoré de la Légion d’honneur à titre militaire, de la médaille de la Résistance (avec rosette) et de la croix de guerre 1939-1945 ; Marguerite, née Rüefli, reçoit également la croix de guerre 1939-1945.
Gaulliste de guerre, Jacques Weinman décide de suivre le général de Gaulle dans l’opposition au régime de la IVe République. Il adhère au RPF dès le printemps 1947 et en préside le Conseil départemental dans le Doubs. Elu conseiller municipal de Besançon sur une liste strictement gaulliste en octobre 1947, il devait le demeurer jusqu’en 1959. Jacques Weinman envisage un temps d’affronter le PRL Roland de Moustier, très hostile à de Gaulle, à l’occasion des élections cantonales de mars 1949, à Rougemont, avant d’y renoncer. Il figure en seconde position sur la liste RPF pour les élections législatives du 17 juin 1951 dans le Doubs. Les gaullistes y obtiennent 18,9% des suffrages exprimés et un seul siège, qui revient au professeur de droit Marcel Prélot.
Le canton de Besançon-nord –dont le conseiller général sortant était le communiste Léon Nicod- envoie en revanche Jacques Weinman siéger à l’Assemblée départementale à l’automne 1951. A nouveau candidat pour les législatives du 2 janvier 1956, Jacques Weinman est placé en seconde position sur la liste des Républicains sociaux, emmenée dans le Doubs par le sortant Marcel Prélot. La petite formation gaulliste que dirigent alors Jacques Chaban-Delmas et Roger Frey n’y rassemble que 6,7% des voix, ce qui prive Marcel Prélot de son mandat parlementaire. Les électeurs du canton de Besançon-nord renouvellent cependant leur confiance à Jacques Weinman en avril 1958.
Le retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958 comble les vœux de Jacques Weinman. C’est pour soutenir le nouveau régime qu’il décide de se présenter aux élections législatives des 23 et 30 septembre 1958 dans la première circonscription du Doubs, avec l’investiture de l’Union pour la nouvelle république (UNR). Son principal adversaire n’est autre que le maire socialiste de Besançon, Jean Minjoz, député sortant et ancien membre des gouvernements de Léon Blum, Guy Mollet et Maurice Bourgès-Maunoury. Jacques Weinman mène campagne en dénonçant les gaullistes de la onzième heure : il rappelle « l’acharnement mis par les socialistes à s’opposer au retour du général de Gaulle » et dénonce « la triste bouffonnerie de ces faillis ». Le 23 novembre 1958, Jean Minjoz devance de près de 3.000 voix le candidat gaulliste (18.095 voix contre 15131 pour Jacques Weinman, soit 33,4% et 27,9% des suffrages exprimés). Le maire de Besançon est toutefois affaibli par le maintien du candidat communiste, alors que Jacques Weinman bénéficie entre les deux tours du retrait en sa faveur d’un autre député sortant, l’Indépendant Auguste Joubert. Le 30 novembre 1958, Jacques Weinman est choisi comme député du Doubs par 53% des électeurs de la 1ere circonscription : le soutien des cantons ruraux a pesé d’un grand poids dans ce résultat.
L’élu bisontin s’inscrit au groupe de l’UNR et rejoint dès 1958 la Commission des finances, de l’économie générale et du Plan à l’Assemblée nationale. Il devait y siéger jusqu’en 1977. Jacques Weinman prend fréquemment la parole dans l’hémicycle au cours de la première législature de la Ve République. Propriétaire d’une exploitation agricole outre ses activités d’assureur-conseil, il se montre très sensible aux problèmes du monde rural. Il intervient notamment lors du débat relatif à la fixation du prix du lait, le 19 mars 1961. Sans négliger de défendre au Palais-Bourbon les intérêts de ses commettants francs-comtois, Jacques Weinman entend exercer pleinement son rôle de législateur et son pouvoir de contrôle. Rapporteur spécial du budget de l’éducation nationale dès novembre 1959, il est confirmé dans cette responsabilité jusqu’en 1977 et s’intéresse tout particulièrement à la question des constructions scolaires et de l’enseignement technique. Sa fidélité absolue au général de Gaulle ne fait pas pour autant de Jacques Weinman un député godillot : le 4 novembre 1960, il n’hésite à déplorer la « confusion » de la nouvelle présentation budgétaire et l’insuffisance des crédits affectés à l’enseignement technique dans le projet de loi de finances pour 1961. Ses votes en séance publique sont conformes à la discipline de vote du groupe gaulliste au Palais-Bourbon : il accorde notamment les pouvoirs spéciaux au gouvernement de Michel Debré pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960).
A la suite du vote de la censure par une majorité de députés le 4 octobre 1962, le général de Gaulle annonce sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale. 62,25% des électeurs ayant approuvé l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct le 28 octobre 1962, la majorité composée de l’UNR et des Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing envisage avec sérénité les législatives des 18 et 25 novembre 1962. Dans la première circonscription du Doubs, Jacques Weinman devance dès le premier tour de scrutin le socialiste Jean Minjoz, pourtant réélu maire de Besançon en 1959. Le sortant gaulliste mobilise l’anticommunisme d’une partie de l’électorat pour l’emporter : il assure au cours de la campagne électorale que « certains travaillent à la résurrection du Front populaire » et laisse entendre qu’un succès de la SFIO favoriserait l’influence communiste en France. Jacques Weinman est réélu député le 25 novembre 1962, par 52,2% des suffrages exprimés face au seul Jean Minjoz.
Entre 1962 et 1967, le député du Doubs continue de s’imposer comme un des meilleurs spécialistes des problèmes éducatifs dans l’hémicycle. La scolarisation des générations issues du baby boom impose dans les années 1960 à l’Etat et aux collectivités locales de consentir un effort considérable afin d’améliorer l’équipement scolaire et socio-éducatif du pays. Jacques Weinman a le souci, avec d’autres de ses collègues, de constituer un contrepoint parlementaire au ministère de l’Education nationale dans la conduite de cette politique. Membre de la Commission chargée du contrôle périodique du fonctionnement du FORMA de 1963 à 1973, le député du Doubs traduit également les préoccupations de ses électeurs, pour partie issus du monde rural, à l’Assemblée nationale.
Il aborde toutefois les questions les plus diverses à l’occasion de ses interventions dans l’hémicycle, comme l’accord franco-algérien sur les hydrocarbures (octobre 1965) et le système assurantiel des travailleurs indépendants (9 juin 1966). Jacques Weinman se préoccupe également de la bonne gestion des deniers de l’Etat. Contre le risque de dérapage des comptes de la Nation, il invoque à plusieurs reprises l’article 40 de la Constitution de la Ve République, qui limite le pouvoir d’initiative des parlementaires dès lors qu’une proposition de loi ou un amendement entraînent des conséquences négatives pour les finances publiques : c’est en ce sens qu’il prend la parole lors des débats sur les pensions de retraite des marins pêcheurs (juin 1966) et sur les communautés urbaines (octobre 1966).
Ancien résistant, Jacques Weinman vote pour la ratification du traité de l’Elysée en juin 1963. Il approuve également l’encadrement des modalités de grève dans les services publics (juillet 1963), comme la réforme du service national (mai 1965).
Sa défaite aux élections cantonales de mars 1964 ne dissuade pas le député du Doubs de solliciter le renouvellement de son mandat législatif les 5 et 12 mars 1967. Jacques Weinman, qui a reçu l’investiture de l’UD-Ve République, se refuse à toute démagogie dans sa profession de foi électorale, mais n’hésite pas à attaquer très vigoureusement l’opposition au pouvoir gaulliste. Il oppose en particulier la stabilité et le respect des libertés de la Ve République au souvenir de la IVe République et au spectre de l’alliance avec les « communistes totalitaires ». Manquant de 284 voix seulement une élection dès le premier tour, Jacques Weinman obtient 57,2% des suffrages exprimés le 12 mars 1967, face au candidat de la FGDS Raymond Vauthier. La troisième législature permet au député du Doubs de déposer, le 7 décembre 1967, une proposition de loi très technique, dont l’objectif est d’aménager les dispositions légales en matière de construction de lotissements. Il ne vote pas la motion de censure déposée par l’opposition en mai 1967.
Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 interviennent quelques semaines seulement après les événements de mai. Le député sortant Jacques Weinman choisit de se représenter dans la première circonscription du Doubs. Au cours de la campagne électorale, il entend la crise de mai 1968 comme un « complot monté par les anarchistes et les extrémistes pour abattre la République ». Selon lui, le succès des manifestations eût conduit à « la déchéance, à l’anarchie, à la terreur », voir à « l’horreur d’une « Saint Barthélémy » sans précédent dans notre histoire ». La bonne mobilisation de l’électorat conservateur autorise une réélection de Jacques Weinman dès le premier tour de scrutin. Il rassemble en effet 54,8% des suffrages exprimés le 23 juin 1968, et jusqu’à 60,5% dans le petit canton d’Ornans.
C’est essentiellement en sa qualité de rapporteur spécial du budget de l’Education nationale que Jacques Weinman intervient dans l’hémicycle sous la quatrième législature. Il aborde en priorité le problème des constructions scolaires, en insistant notamment sur l’équipement des services d’inspection académique. La scolarisation des enfants inadaptés et handicapés fait l’objet d’une attention particulière de la part du député gaulliste à l’occasion de la discussion des projets de lois de finances pour 1969 (novembre 1968) et pour 1972 (novembre 1971). Jacques Weinman multiplie également les questions écrites entre 1968 et 1973 ; la plupart font écho aux difficultés de son département d’élection (prix du lait et commercialisation du beurre ; désindustrialisation). Ses votes sont conformes aux choix du groupe gaulliste à l’Assemblée nationale : il approuve ainsi le projet de loi sur l’enseignement supérieur (octobre 1968), la loi dite « anti-casseurs » (juin 1970) et le texte portant création et organisation des régions (avril 1972).
Le début des années 1970 permet à l’ancien résistant, déjà président d’union de coopératives agricoles, de consolider son implantation locale : il retrouve son siège de conseiller général de Besançon-nord en mars 1970. Il devient alors premier Vice-président du Comité d’orientation et de développement régional de Franche Comté (Coder) et préside jusqu’à sa mort l’Office départemental des HLM.
Jacques Weinman ne conserve son siège que d’extrême justesse (50,4%) à l’issue des élections législatives de mars 1973. Les mots d’ordre anticommunistes que mobilise le député sortant dans sa profession de foi s’avèrent d’une moindre efficacité électorale et Jacques Weinman est en outre mis en difficulté au premier tour par un candidat du Mouvement réformateur. La poussée générale de la gauche se ressent au second tour de scrutin dans la première circonscription du Doubs. Au soir du 11 mars 1973, le député sortant doit son succès au soutien des cantons ruraux, alors que les électeurs bisontins ont fait le choix du Programme commun.
Secrétaire de la Commission des Finances depuis plusieurs années, Jacques Weinman en prend la Vice-présidence le 3 avril 1975. Entre 1973 et 1977, l’essentiel de ses interventions demeure consacré aux questions d’équipement scolaire et universitaire. L’ancien conseiller municipal de Besançon vote en faveur du passage au quinquennat (octobre 1973), approuve la déclaration de politique générale de Jacques Chirac (6 juin 1974), mais rejette le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse (novembre 1974). Battu aux élections cantonales des 7 et 14 mars 1976 par Roger Schwint, futur maire de Besançon, Jacques Weinman est choisi comme rapporteur spécial du budget de l’Education nationale pour 1977, pour la dix-huitième année consécutive.
Le député du Doubs, membre des différents groupes gaullistes au Palais-Bourbon depuis 1958, disparaît quelques semaines après les élections municipales de mars 1977. Son éloge funèbre est prononcé dans l’hémicycle le 25 mai 1977. Le président Edgar Faure, ancien ministre de l’Education nationale et lui-même élu de Franche-Comté, y salue la mémoire d’un « homme discret au point de paraître secret », faisant preuve « d’une franchise qui n’allait pas sans rudesse, d’une opiniâtreté qui n’excluait pas l’intransigeance et d’un courage civique dont ses amis les plus attentifs craignaient parfois qu’il fût proche de la témérité ».