Raymond Valenet

1912 - 1978

Informations générales
  • Né le 6 août 1912 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 21 septembre 1978 à Pavillons-sous-bois (Seine-St-Denis - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Yvelines
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Seine-St-Denis
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Seine-St-Denis
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Seine-St-Denis
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

VALENET (Raymond, Louis)
Né le 6 août 1912 à Paris
Décédé le 21 septembre 1978 à Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)

Député de la Seine-et-Oise de 1962 à 1967
Député de la Seine-Saint-Denis de 1967 à 1978

Raymond Valenet naît dans ce 13ème arrondissement de Paris où de nombreuses usines ou ateliers sont installés dans la première moitié du XXème siècle. Il grandit dans une famille modeste, et ne poursuit pas ses études au-delà de l’enseignement primaire. Il travaille d’abord comme marqueur dans l’industrie. Il s’y distingue très vite par son esprit d’entreprise et de décision et devient directeur des Plâtrières de Livry-Gargan en 1941, sous l’Occupation. Engagé dans la Résistance dès 1940, Raymond Valenet est arrêté à l’été 1944 et déporté peu avant la Libération de Paris. Il devait rester durablement marqué par l’expérience de la déportation. Ses activités dans la clandestinité lui valent d’être décoré de la Légion d’honneur, de la croix de guerre 1939-1945, de la croix du combattant volontaire de la Résistance, de la médaille des mutilés et de celle des déportés. Il reprend ses affaires à son retour en France mais souhaite désormais participer au renouvellement de la vie publique dans la continuité de son engagement résistant. Gaulliste de la première heure, il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) dès sa fondation au printemps 1947. En octobre 1947, il devient adjoint au maire de Gagny, en Seine-et-Oise. Dans cette banlieue parisienne où les communistes disposent d’une audience très large, le combat politique est parfois tendu sous la IVème République. Raymond Valenet se montre très actif au sein du RPF puis des Républicains sociaux, jusqu’en 1958. Il ne figure pas cependant sur la liste qu’André Diethelm conduit pour le RPF dans la première circonscription de Seine-et-Oise lors des élections législatives du 17 juin 1951, ni sur celle des Républicains sociaux, emmenée par Louis Terrenoire le 2 janvier 1956.
Après le retour au pouvoir du général de Gaulle, les élections législatives de novembre 1958 ont lieu au scrutin d’arrondissement. Le canton du Raincy, où se situe la ville de Gagny, forme à lui seul la 11ème circonscription de Seine-et-Oise, où le gaulliste Pierre Picard, proche de Jacques Soustelle, est élu député le 30 novembre 1958. Pierre Picard rompt avec l’Union pour la nouvelle République (UNR) sur la question de l’Algérie française et s’oppose à l’exécutif à partir de 1960. Il vote ainsi contre le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962) et refuse de lever l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962). Pierre Picard, qui s’est associé à la motion de censure du 4 octobre 1962, se présente sous l’étiquette du Parti libéral européen fondé en 1960 par Jean-Paul David, à l’occasion des élections législatives de novembre 1962. Raymond Valenet, a accédé à la mairie de Gagny en 1959 et a été élu conseiller général du Raincy contre un communiste en 1961. Il fait figure de candidat idéal pour une UNR soucieuse de récupérer le siège de Pierre Picard. Dans sa profession de foi diffusée avant le premier tour de scrutin, Raymond Valenet présente sa candidature comme celle du soutien au régime et cite le nom du général de Gaulle à six reprises. Outre le sortant, il affronte le communiste Michel Vandel et le maire socialiste de Livry-Gargan Alfred Vincent. Avec 42,3% des suffrages exprimés, Raymond Valenet arrive très nettement en tête le 18 novembre 1962. Le sortant Pierre Picard n’obtient pour sa part que 9,8% des voix. Une semaine plus tard, le maire de Gagny l’emporte sur le candidat du PCF grâce au soutien de 54,7% des électeurs.
Il s’inscrit au groupe de l’Union pour la nouvelle République et de l’Union démocratique du travail (UNR-UDT) à l’Assemblée nationale, et siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il devait appartenir à cette Commission jusqu’en 1978 et en être le secrétaire de 1965 à 1969, puis de 1970 à 1972. Il est également membre de la Commission sociale centrale pour les rapatriés à partir de 1963. Très actif au Palais-Bourbon, Raymond Valenet y intervient à vingt reprises sous la deuxième législature de la Vème République. Il s’intéresse en particulier aux questions d’équipement scolaire et sportif. Rapporteur du projet de loi réglementant la profession d’éducateur physique et sportif, il insiste sur l’importance de ce texte, alors que seules certaines activités de sport et de plein air, comme celle de guide de haute montagne, sont alors encadrées par le droit (27 juin 1963). Deux ans plus tard, il participe à la discussion de la loi de programme relative à l’équipement sportif et socio-éducatif : c’est pour souhaiter que les collectivités locales puissent obtenir des prêts à des conditions de taux et d’amortissement raisonnables, afin de construire les stades et gymnases dont le pays a besoin (séance publique du 2 juin 1965). Les problèmes d’enseignement retiennent également son attention. Il se montre hostile à la fermeture de classes maternelles et primaires par les autorités académiques sans consultation des élus locaux et plaide pour une plus grande mobilité des enseignants et personnels de direction entre enseignement secondaire et enseignement technique (18 octobre 1965). Rapporteur pour avis du budget consacré aux constructions scolaires pour 1967, il déplore l’insuffisance des efforts déployés par l’Etat en la matière et appelle l’exécutif à « une attitude plus réaliste » face à l’immensité des besoins (séance du 2 novembre 1966). Le député de Seine-et-Oise est nommé rapporteur des Conventions de sécurité sociale que la France noue avec Israël (juin 1966) ou avec la République de Yougoslavie (décembre 1966). Ces textes visent à apporter aux assurés sociaux des deux pays concernés la plus grande protection sociale possible dans « l’état actuel de développement des institutions de sécurité sociale des deux pays » (séance publique du 16 juin 1966).
Les votes de Raymond Valenet ne le distinguent pas des autres élus gaullistes sous la deuxième législature de la Vème République. Il autorise la ratification du traité de l’Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963), approuve l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963), la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et la transformation du service militaire en service national (26 mai 1965).
Secrétaire du bureau de l’Agence technique et foncière de la région parisienne depuis juillet 1963, Raymond Valenet participe à la réflexion sur l’aménagement de la périphérie de la capitale, au milieu des années 1960. Après l’éclatement de la Seine et de la Seine-et-Oise en sept départements, de nouveaux cantons sont créés, dont celui de Gagny, qui figure dans la 9ème circonscription de Seine-Saint-Denis. Raymond Valenet y sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire en mars 1967, sous l’étiquette de l’UD-Vème république. Il obtient 41% des suffrages exprimés au premier tour. La confiance de 51,7% des électeurs, le 12 mars 1967, lui permet de siéger au Palais-Bourbon sous la troisième législature.
Le député de Seine-Saint-Denis défend plusieurs textes techniques en qualité de rapporteur devant l’Assemblée nationale en 1967-1968. Comme sous la précédente législature, il s’intéresse en particulier aux accords signés par la France avec des pays étrangers en matière de sécurité sociale. Elu de la banlieue parisienne, il intervient dans le débat sur la loi d’orientation foncière et urbaine pour souhaiter que les municipalités soient associées « à l’élaboration et à l’étude des schémas directeurs et des schémas de secteur ». Il estime en outre nécessaire qu’une nouvelle loi définisse les conditions du crédit pour les candidats au logement, les Français empruntant selon lui à un taux trop élevé (séance du 21 juin 1967). Président de l’Amicale parlementaire des anciens déportés et internés, Raymond Valenet plaide en faveur d’une égalité de traitement entre ceux qui ont souffert de leur engagement contre l’Occupant nazi entre 1940 et 1944. Or, deux catégories administratives existent à cette époque : les déportés et internés résistants, membres de réseaux homologués et considérés comme des victimes militaires, d’une part, et les déportés et internés politiques, qui n’ont pu retrouver le réseau auquel ils avaient appartenu, et sont assimilés à des victimes civiles. Les différences de pensions qui en résultent apparaissent insupportables à Raymond Valenet, qui réclame une mesure d’égalité et de justice pour ses « frères de déportation », les déportés et internés politiques (séance du 19 octobre 1967). Il soutient avec constance la politique du gouvernement en 1967-1968 et ne vote pas la motion de censure du 9 juin 1967.
Après les événements de mai et la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle, les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 semblent devoir apporter un confortable succès à la majorité. Malgré la concurrence de sept autres candidats, le maire et conseiller général de Gagny, devenu administrateur du district de la région parisienne à l’automne 1967, rassemble 42,9% des suffrages exprimés au premier tour. Il l’emporte dans les six cantons de la circonscription : le canton où il obtient le moins bon résultat est celui de Livry-Gargan (37,1%). Il l’emporte le 30 juin 1968 (57,4%) sur la communiste Marie-Thérèse Goutmann, candidate pour la première fois dans cette circonscription.
Le député de Seine-Saint-Denis se consacre principalement à la défense des anciens combattants et victimes de guerre sous la quatrième législature de la Vème République. Il se réjouit que le budget dont ils bénéficient ait doublé depuis le début des années 1960 (séance du 8 novembre 1968) et insiste à nouveau pour que les déportés politiques se voient reconnaître les mêmes droits que les déportés résistants. C’est pour évoquer ce douloureux problème qu’il prend la parole le 31 octobre 1969 dans l’hémicycle. Il rappelle alors que le seul tort des déportés politiques est souvent d’avoir appartenu à un réseau dont le chef est mort ou a disparu dans les camps de concentration. Il apporte à cette demande d’égalité le sceau de sa propre expérience de déporté : « Dans les camps, nous étions tous égaux aux yeux des nazis. Nous étions tous des déportés politiques, et ils n’ont jamais fait de distinction quand il s’agissait de nous faire mourir » (séance publique du 31 octobre 1969). C’est pour lui une très grande satisfaction personnelle que de défendre le projet de loi sur la mise à parité des pensions des déportés politiques et des déportés résistants en qualité de rapporteur, le 2 juin 1970. Cette égalité de traitement est alors prévue pour le 1er janvier 1974. Le 26 octobre 1970, il félicite le ministre des anciens combattants et victimes de guerre Henri Duvillard pour les importantes avancées que son action a amenées en faveur des déportés et internés (26 octobre 1970). Le 15 avril 1971, Raymond Valenet demande à l’Assemblée nationale d’adopter un projet de loi reconduisant pour trois ans la législation sur les emplois réservés aux anciens combattants et victimes de guerre, qui devait prendre fin au 27 avril 1971. La compétence de Raymond Valenet sur ces sujets lui vaut d’être choisi comme rapporteur pour avis du budget des anciens combattants et victimes de guerre pour 1973.
Le député-maire de Gagny se situe dans la majorité des gouvernements Couve de Murville, Chaban-Delmas, puis Messmer. Il se prononce en faveur de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) comme de la loi « anti-casseurs » ou de la réforme du service national (10 juin 1970). Il vote pour la création des régions (27 avril 1972).
Candidat à sa propre succession en mars 1973, Raymond Valenet rencontre une importance opposition dans la 9ème circonscription de Seine-Saint-Denis. Au premier tour, le total des voix de gauche s’élève à 53,4% des suffrages exprimés, contre 33,3% pour le maire de Gagny, investi par l’Union des républicains de progrès, et 11,8% pour un candidat réformateur. Entre le 4 et le 11 mars 1973, Raymond Valenet mène une campagne très anticommuniste et appelle les électeurs, dans ses professions de foi, à « barrer la route au représentant de la dictature marxiste », « à ceux qui prennent leurs consignes à Moscou » comme « au joug policier qui sévit au-delà du rideau de fer ». Une minorité des électeurs de gauche préfère l’abstention à l’émission d’un vote communiste lors du scrutin décisif, ce qui autorise la réélection de Raymond Valenet par 134 voix d’avance sur Marie-Thérèse Goutmann, le 11 mars 1973.
Le député gaulliste est désormais considéré comme un spécialiste des problèmes des anciens combattants au sein de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Rapporteur pour avis du budget de ce ministère pour 1974, 1975, 1976, 1977 et 1978, il se réjouit de voir progressivement aboutir des revendications qu’il avait exprimées longtemps auparavant : reconnaissance de la qualité de combattant aux anciens d’Afrique du Nord, suppression des forclusions pour les droits à pension, retraite à soixante ans pour les anciens combattants… Les considérations qu’il développe à la tribune sont alors moins politiques que techniques. Il ne limite pas cependant son activité législative à ces seuls sujets et dépose par exemple une proposition de loi portant création d’un fonds de prévoyance sociale le 18 mai 1977. Il approuve la déclaration de politique générale du gouvernement Messmer (12 avril 1973), la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans (16 octobre 1973) et l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974). Il s’oppose en revanche à la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974). Raymond Valenet soutient la réforme du divorce (4 juin 1975) ainsi que le programme du gouvernement Barre (28 avril 1977) et l’élection du Parlement européen au suffrage universel direct (21 juin 1977).
La candidature de l’UDF Roger Morel affaiblit Raymond Valenet lors des élections législatives de mars 1978. Battu aux municipales de 1977 par une liste d’Union de la gauche, l’ancien maire de Gagny est devancé l’année suivante par la communiste Marie-Thérèse Goutmann, sénatrice et maire de Noisy-le-Grand (23,6% contre 26,3%) au premier tour. Seuls les cantons de Gagny et du Raincy le placent en tête, avec respectivement 31,8% et 26,1% des voix. Devancé de 116 voix lors du scrutin décisif, Raymond Valenet perd son siège au profit de Marie-Thérèse Goutmann. Le 30 mars 1978, l’ancien parlementaire dépose une requête en annulation de cette élection devant le Conseil constitutionnel, au motif que des tracts ont été distribués le jour même du vote à Neuilly-sur-Marne. Le Conseil constitutionnel statue sur cette question le 7 juin 1978. Il prononce l’annulation de l’élection. Une législative partielle est donc organisée dans la 9ème circonscription de Seine-Saint-Denis en juillet 1978. Raymond Valenet obtient 47,2% des suffrages exprimés au premier tour, contre 49,2% pour Marie-Thérèse Goutmann –le Parti socialiste ne présente pas de candidat-. Le 23 juillet 1978, 50,9% des électeurs confirment la victoire de la candidate communiste, qui devient députée de Seine-Saint-Denis.
Très affecté par cette défaite, Raymond Valenet meurt deux mois plus tard, à l’âge de 66 ans.