André Lebon
1910 - 1994
LEBON (André)
Né le 16 juillet 1910 à Nouzonville (Ardennes)
Décédé le 10 février 1994 à Charleville-Mézières (Ardennes)
Député des Ardennes 1967 à 1978
Né en 1910 à Nouzonville dans les Ardennes, André Lebon se destine à l’enseignement primaire. Après avoir étudié à l’Ecole normale d’instituteurs, il obtient le brevet supérieur puis le certificat d’aptitude à l’économat des écoles d’enseignement technique. André Lebon devient ainsi instituteur (1929-1936) puis intendant universitaire du lycée technique de Charleville avant de prendre sa retraite en 1966. Parallèlement à sa carrière de professeur, il adhère à la SFIO en 1933 et devient le trésorier puis le secrétaire de la Fédération socialiste de 1935 à 1967. Il est également le directeur politique du « Réveil Ardennais », organe de la Fédération socialiste des Ardennes de 1950 à 1978. Son engagement militant le conduit à briguer des fonctions politiques. Elu conseiller municipal de Charleville à partir de 1953, il en devient le maire en 1959 jusqu’en 1977, date à laquelle il décide de ne pas se représenter. En 1959, André Lebon prend la présidence de l’Association des maires des Ardennes. A partir de 1964, il est également élu conseiller général du canton de Charleville.
Fort de son expérience locale, André Lebon se présente se présente pour la première fois aux électeurs de la deuxième circonscription des Ardennes sous l’étiquette de la FGDS en 1967. Dans sa circulaire, il se présente comme « un homme dynamique, un administrateur compétent, un républicain ». Il défend en particulier le droit de chacun à l’enseignement, à un emploi et à un toit (sa formule est : « avec le livre de mariage, un logement »). Face au député sortant, le gaulliste Jean Le Gall qui recueille 37,1% des suffrages exprimés, le socialiste obtient un score 29,4% devant le communiste René Visse (26%) et le centriste Dominique Noël (7,5%). Au second tour, le bon report des voix communiste lui permet de remporter l’élection avec plus de 56,6% des voix.
Inscrit au groupe FGDS, André Lebon accède dès son arrivée à l'Assemblée nationale à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République (6 avril 1967 et 4 avril 1968). Il est par ailleurs membre de la Commission spéciale chargée du projet de loi relatif aux impôts directs locaux (23 octobre 1967). Surtout, le député des Ardennes siège à de nombreuses commissions spéciales au sujet de l’introduction de la publicité à l’ORTF examinant tour à tour le projet de loi gouvernemental lançant les débats (28 novembre 1967) ; le projet de loi organique de Roland Dumas qui revient, en interprétant l’article 34 de la Constitution, à rendre une décision législative sur le projet d’introduction de la publicité à la télévision (décembre 1967) ; la proposition de loi de Louis Escande visant à interdire la publicité à l’ORTF (10 mai 1968) ; celle d’Henri Fréville tendant à assurer l’objectivité de l’ORTF (10 mai 1968) ; celle de Michel d’Ornano proposant la création d’une « Agence française de publicité télévisée » (14 mai 1968) ; et celle d’Aymar Achille-Fould fixant les règles applicables aux annonceurs (16 mai 1968). En dépit ou en raison de cette intense activité législative en commission, André Lebon ne prend la parole qu’à une reprise, le 6 novembre 1967, à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances de 1968 afin de dénoncer les « procédures chicanières » du gouvernement pour régler les questions posées par la fusion de communes. Maire d’une ville de 52 000 s’étant substituée à cinq communes, le député de Charleville-Mézières parle en connaisseur. Enfin, farouche opposant du gouvernement, André Lebon s’associe aux deux motions de censure de mai et juin 1967.
Quatorze mois après sa première élection législative, André Lebon sollicite le renouvellement de son mandat interrompu le 30 mai 1968 par la dissolution de l’Assemblée. Il se présente comme le seul candidat local implanté aussi bien à Charleville que dans le Nord de la circonscription dont est issu son suppléant. Ce discours convainc plus de 26,8% (de nombreux électeurs des cantons du Nord comme Rocroi ou Fumay), loin derrière son adversaire gaulliste Jean Le Gall (37%). René Visse du PCF et Maurice Blin du Centre Démocrate recueillent respectivement 23% et 13% des suffrages exprimés. Ces résultats préfigurent un second tour serré : le député sortant le gagne avec 452 voix d’avance, soit un score de 50,1% qui lui permet de résister à la « vague gaulliste ».
À son retour dans l’hémicycle, André Lebon retrouve ses collègues socialistes (de la FGDS puis, à partir d’octobre 1969, du PS nouvellement créé). Durant toute la mandature, le député des Ardennes siège à la Commission de la production et des échanges. Il est également membre de trois commissions spéciales : deux s’intéressent à l’orientation du commerce (28 juin 1972) et la dernière à l’artisanat (12 décembre 1972). Il est aussi l’auteur de deux propositions de loi : l’une portant sur le transfert du patrimoine des communes en cas de fusion (25 novembre 1970), l’autre sur les marchés passés par les élus municipaux (7 octobre 1971).
André Lebon s’exprime une demi-douzaine de fois à la tribune, toujours à l’occasion de l’examen des budgets pour l’année à venir. Le 14 novembre 1969, il s’élève contre la hausse des loyers dans les H.L.M. leur faisant perdre leur caractère social. Il dénonce des constructions abîmant les paysages : « Où que nous nous promenions, nous n'apercevrons bientôt que des boîtes à chaussures, surmontées de quilles en guise de conduits de fumée ou de ventilation ». Quatre jours plus tard, il réclame au gouvernement une indemnité aux communes touchées par la fermeture des abattoirs. En novembre 1972, André Lebon s’inquiète de l’insuffisance des exportations agricoles des productions de viande, des archaïsmes de l’agriculture familiale et de la faible qualité de l’habitat rural.
Par ailleurs, s’il vote en faveur de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), de la loi du 4 décembre 1968 concernant l’exercice du droit syndical dans les entreprises, du renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970) et du service national ramené à douze mois (10 juin 1970) André Lebon s’oppose à la loi Pleven dite « anticasseurs » (4 juin 1970), à la politique générale du gouvernement (15 octobre 1970 et 24 mai 1972) et à la création des régions (le 27 avril 1972).
En 1973, le maire de Charleville-Mézières se présente une dernière fois aux électeurs ardennais. Il défend toujours ses ancrages locaux et son expérience (« je ne suis ni un parachuté, ni un homme que vous découvrez » écrit-il dans ses programmes électoraux). André Lebon se place en tête du premier tour avec 29,5% des voix devant Georges Repeczky de l’Union des Républicains de Progrès pour le soutien au Président de la République (28,3%), René Visse du Parti communiste (26,5 %), Jacques Demoulin du Centre démocrate et réformateur (9,8%) et de Pierre Vassal du CNIP (2,9%). Au second tour, avec plus de 6 460 voix d’avance (sur 48 290 suffrages exprimés soit 56,7%), André Lebon est confortablement réélu.
Retrouvant les rangs du groupe socialiste au Palais Bourbon, le député des Ardennes est d’abord nommé membre de la Commission de la défense nationale et des forces armées (avril-mai 1973), puis, pour le reste de la législature, membre de la Commission des affaires étrangères (1973-1978). Il participe à deux commissions spéciales portant sur le commerce et l’artisanat (15 juin 1973) ainsi que sur la vérification des comptes de l’Assemblée (4 avril 1974 et 3 avril 1975). Il siège également à la Commission d'enquête sur l'organisation et les pratiques du commerce de la viande (22 octobre 1974). Surtout, André Lebon est élu secrétaire de l’Assemblée en avril 1976. Au cours de la législature, le maire de Charleville-Mézières dépose trois propositions de lois. La première reprend celle déjà déposée en novembre 1970 sur le transfert du patrimoine des communes en cas de fusion (28 juin 1973) tout comme celle relative aux marchés passés par certains élus municipaux (2 octobre 1973). Une dernière vise à taxer les emballages plastiques et les déchets de fabrication de produits à base de matières plastiques (28 juin 1973). Au nom de la Commission des Affaires étrangères, André Lebon est l’auteur d’une quinzaine de rapports. C’est d’ailleurs souvent au nom de sa Commission qu’André Lebon s’exprime à la tribune. Ainsi, le 21 novembre 1974, à l’occasion du projet de concernant la convention internationale signée à Vienne en 1971 portant sur les substances psychotropes, il présente le rapport déposé une semaine auparavant dans lequel la Commission se prononce en faveur d’une ratification rapide du texte. En qualité de rapporteur, il préconise également l’adhésion de la France aux accords entre la CCE d’une part et 1'Egypte, la Jordanie, le Liban et la Syrie de l’autre (rapports déposés le 14 décembre 1977, intervention trois jours plus tard) : même s’il regrette la modicité de l’aide financière apportée au Liban, le député socialiste se réjouit des perspectives ouvertes par les accords, et plus généralement, du dialogue euro-arabe.
En son nom propre, André Lebon intervient dans le débat sur la réglementation du crémant : il entend restreindre l'usage de cette qualification à des vins de grande qualité pour offrir une garantie aux producteurs et aux consommateurs (22 mai 1975). Il pose également quatre questions au gouvernement portant sur la régularisation du débit de la Meuse par la création d’un sur la Houille (30 octobre 1974), sur l’emprunt des communes auprès de la Caisse des dépôts (12 novembre 1975), sur la situation de l’emploi en Lorraine affectée par l’absorption d’Arthur Martin par Electrolux (14 décembre 1977) et celle des Ardennes, aggravée par des licenciements dans les établissements Cochaux à Laifour (14 décembre 1977 également).
Par ailleurs, André Lebon soutient la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974 et la création du divorce par consentement mutuel le 4 juin 1975. En revanche, il se prononce contre les réformes constitutionnelles de Georges Pompidou (réduction du mandat présidentiel à 5 ans le 16 octobre 1973) et de Valéry Giscard d’Estaing (extension de la saisine du Conseil constitutionnel le 10 octobre 1974 ; élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977). Enfin, il s’oppose aux trois déclarations de politique générale des Premiers ministres (Pierre Messmer le 12 avril 1973, Jacques Chirac le 6 juin 1974, Raymond Barre le 28 avril 1977).
En 1978, âgé de 68 ans, André Lebon décide de ne pas se représenter aux septièmes élections législatives de la Ve République, ce qui permet à son adversaire communiste René Visse de gagner son siège. L’ancien instituteur décède le 10 février 1994 à Charleville-Mézières. En 1978, âgé de 68 ans, André Lebon décide de ne pas se représenter aux septièmes élections législatives de la Ve République, ce qui permet à son adversaire communiste René Visse de gagner son siège. L’ancien instituteur décède le 10 février 1994 à Charleville-Mézières.
Décoré de la croix de guerre, André Lebon était officier des Palmes académiques en 1978, chevalier du mérite sportif, commandeur de l’ordre du mérite de la République italienne et chevalier de l’ordre de Léopold.