Bastien Leccia

1919 - 2004

Informations générales
  • Né le 3 novembre 1919 à Conca ( - France)
  • Décédé le 9 avril 2004 à Marseille (Bouches-du-Rhône - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Bouches-du-Rhône
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 11 mai 1983 au 1er octobre 1989

Biographies

Biographie de la Ve République

LECCIA (Bastien)
Né le 3 novembre 1919 à Conca di Porto-Vecchio (Corse-du-sud)
Décédé le 9 avril 2004 à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Député des Bouches-du-Rhône de 1967 à 1968
Sénateur des Bouches-du-Rhône de 1983 à

Fils de cultivateurs, Bastien Leccia naît le 3 novembre 1919 à Conca, village corse au nord de Porto-Vecchio. Il fait ses études au collège de Sartène, puis quitte, très jeune, l'Île de Beauté pour s'installer à Marseille, afin d'y préparer une carrière d'expert-comptable. Il exerce ce métier dans une grande société de comptabilité de la cité phocéenne où, après la Seconde Guerre mondiale, il est promu comptable agréé puis chef de la comptabilité.

Bastien Leccia adhère à la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) en 1936, milite aux Jeunesses socialistes (JS) du onzième canton de Marseille, dans le quartier d'Endoume, et en est aussitôt propulsé délégué à la propagande. En juin 1939, il est désigné secrétaire général de la onzième section des JS, puis, en raison de la guerre, remplace Ferdinand Negro, mobilisé, à la direction départementale des JS. A partir de 1941, il participe à la Résistance au sein du Mouvement de libération nationale (MLN) sous le pseudonyme de commandant d’Ornano. En août 1944, il combat avec les Forces françaises de l'intérieur (FFI) pour la libération de Marseille.

A l'automne 1945, Bastien Leccia rompt avec la SFIO lors de la crise interne qui affecte la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône. Comme son oncle, Joseph Leccia (secrétaire général de la 11e section marseillaise depuis 1936), il prend parti pour Pierre Ferri-Pisani contre Gaston Defferre et Francis Leenhardt, nouveaux dirigeants de la SFIO marseillaise, soucieux de renouveler ses cadres et d’écarter le « clan corse ». Alors que la fédération des Bouches-du-Rhône est dissoute puis reconstituée par le comité directeur de la SFIO, ce dernier rend un arbitrage favorable à Gaston Defferre et place la fédération sous la direction de Félix Gouin, les partisans de Pierre Ferri-Pisani font scission. Bastien Leccia rejoint ainsi l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) et conduit la liste UDSR-Rassemblement des gauches républicaines aux élections législatives du 17 juin 1951, qui réunit 1,4 % des suffrages exprimés. Le PCF de François Billoux obtient 4 sièges ; la SFIO de Gaston Defferre et Francis Leenhardt, en obtient 2, à égalité avec le Rassemblement du peuple français (RPF), emmené par Henry Bergasse ; le dernier siège échoit au Mouvement républicain populaire -MRP (Germaine Poinso-Chapuis).

Bastien Leccia occupe ensuite d'importantes fonctions dans les mouvements corses : président de la Fédération des groupements corses des Bouches-du-Rhône et de l'extérieur à partir de 1957, il est, avec François Giaccobi notamment, l’un des leaders du mouvement du 29 novembre 1959, mouvement social qui catalyse le ressentiment insulaire vis-à-vis de l'Etat, après l’annonce de la fin de la subvention au chemin de fer corse, véritable cordon ombilical de l'intérieur. De 1960 à 1965, il préside aussi le mouvement CAPCO (Comité d'action et de promotion de la Corse).

Sur le plan politique, en 1959, Bastien Leccia est élu conseiller municipal et adjoint au maire de Marseille, sur la liste de Gaston Defferre, mandat qu'il occupe jusqu'en 1983. Délégué régional de la Convention des institutions républicaines (CIR) de François Mitterrand, il prend également la direction départementale de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS).

En mars 1967, Bastien Leccia se présente aux élections législatives avec l’investiture de la FGDS dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône, détenue par la droite depuis le retour du scrutin majoritaire en 1958 et considérée comme difficile à conquérir puisqu'elle est la seule du département à avoir donné une majorité à Charles de Gaulle au second tour des élections présidentielles de décembre 1965. Bastien Leccia ne réunit que 5 511 voix au premier tour, soit 7,1 % des suffrages exprimés. S'il précède l'avocat Théo Lombard (5 082 voix), qui fut le suppléant du député Bergasse (Centre national des indépendants et paysans) en 1958, le natif de Conca est largement devancé par le député gaulliste sortant, Pierre Marquand-Gairard, en tête avec 30,5 % des suffrages exprimés (9 864 voix), malgré la concurrence d’un gaulliste dissident, Jean-Baptiste Santini (1 112 voix). Le candidat fédéré est cependant victorieux au second tour. Le désistement de l'ancienne sénatrice communiste Marcelle Bouvet, qui le devançait pourtant à l’issue du premier tour (5 767 voix), et les excellents reports de voix entre les différentes composantes de l’opposition, y compris modérées, permettent à Bastien Leccia de réaliser une progression de 10 839 voix et d'être élu député avec le soutien de 50,6 % des électeurs. Son suppléant est le jeune avocat Michel Pezet, futur président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte-d’Azur et député PS des Bouches-du-Rhône (1986-1993), à l'époque membre du bureau national des JS.

Au Palais-Bourbon, le député des Bouches-du-Rhône s'inscrit au groupe de la FGDS et siège à la commission de la production et des échanges. Il est rapporteur du projet de loi sur un sujet qu'il maîtrise parfaitement, le statut de l'ordre des experts-comptables et des comptables agréés. Il est par ailleurs élu représentant de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe. Il défend par ailleurs le régime fiscal de la Corse, et appelle l’attention sur les difficultés de l’économie insulaire le 17 octobre 1967, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1967. Il vote les motions de censure déposées à propos du projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social (20 mai et 9 juin 1967), ainsi que la motion de censure contre le gouvernement de Georges Pompidou le 22 mai 1968.

Aux élections législatives de juin 1968, Bastien Leccia brigue un second mandat de député dans la même circonscription. Il ne recueille cependant que 5 416 voix au premier tour. Cette fois, il devance le candidat du PCF, Michel Liberman (4 428 voix) et celui du Parti socialiste unifié (PSU), Jean-François Coupier (750 voix) mais il est nettement distancé par le gaulliste Joseph Comiti (15 295 voix). Au second tour, il ne réédite pas la performance de l'année précédente et est largement battu : il totalise 12 248 suffrages (38,6 %) contre 19 469 (61,4 %) pour le représentant de l'Union pour la défense de la République (UDR).

Membre du Parti socialiste à partir de 1971, il intègre son comité directeur national et devient un membre influent du secrétariat fédéral du PS dans les Bouches-du-Rhône.

Bastien Leccia se représente aux élections législatives de mars 1973. En progrès, il totalise 7 563 voix (24,9 %) au premier tour, mais il est une nouvelle fois devancé par Joseph Comiti (11 532 voix), entre-temps devenu secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse et des sports. Avec 14 121 et 44,3 % des suffrages exprimés, le candidat de la « Gauche socialiste et démocrate » est battu au second tour par son adversaire gaulliste.

A nouveau investi par le PS et le Mouvement des radicaux de gauche (MRG), il tente de retrouver son siège de député aux élections législatives de 1978. Le premier tour est plus serré que les précédents scrutins : Bastien Leccia recueille 6 549 voix (22,3 %) contre 7 899 à Joseph Comiti (26,8 %), talonné par le candidat de l'Union pour la démocratie française (UDF), Jean Roussel (7 446 voix). Au second tour, 42 % des suffrages exprimés (13 152 voix) se portent sur le nom de l'ancien député, une nouvelle fois battu par le candidat du Rassemblement pour la République (RPR), qui recueille 18 187 voix. Bastien Leccia est ensuite candidat mais sans succès aux élections sénatoriales de septembre 1980 : il est sixième sur la liste du Parti socialiste conduite par Irma Rapuzzi, qui ne remporte que cinq sièges. En 1981, c'est Michel Pezet qui reprend le flambeau du PS dans la première circonscription des Bouches-du-Rhône aux élections législatives : en tête à l'issue du premier tour, il est finalement battu par Hyacinthe Santoni (RPR) au second tour.

Après l’élection présidentielle de 1981, ce fidèle de François Mitterrand est nommé délégué aux affaires corses auprès de Gaston Defferre, ministre de l'Intérieur et de la décentralisation, de juillet 1981 à août 1982. Bastien Leccia est ainsi l'inspirateur direct du statut particulier proposé par le gouvernement pour la collectivité. Désigné tête de liste socialiste pour les élections régionales corses d'août 1982, Bastien Leccia est victime des remous locaux au sein du Parti socialiste et doit retirer sa candidature. Sa présence a été contestée en interne et Charles Santoni, président de la fédération de Haute-Corse, a constitué une liste dissidente, car reprochant aux instances socialistes d'avoir imposé une liste depuis Paris. Ange Pantaloni, président de la fédération socialiste de la Corse du Sud, remplace ainsi Bastien Leccia, qui explique son retrait par l'incompatibilité entre sa fonction ministérielle et le rôle de tête de liste. Il vient par ailleurs d’être nommé président de la Compagnie nationale du Rhône en avril 1982, fonction qu'il doit abandonner en mai 1983, à la suite à son élection au Sénat, en remplacement d'Antoine Andrieux, lui aussi d'origine corse et élu des Bouches-du-Rhône.

Au Palais du Luxembourg, Bastien Leccia s'inscrit tout naturellement au groupe socialiste. Membre de la commission des Affaires étrangères en 1983 et de 1986 à 1989, il siège dans l’intervalle à la commission des lois de 1983 à 1986. Il se fait notamment le représentant des intérêts de la Corse et de la ville de Marseille. Le parlementaire provençal, qui préside l’Union des élus socialistes et républicains des Bouches-du-Rhône à partir de 1987, s'abstient notamment sur la loi relative au revenu minimum d'insertion, en novembre 1988. Il décide de ne pas se représenter aux élections sénatoriales du 24 septembre 1989.

Il décède le 9 avril 2004 dans une maison de retraite marseillaise, à l'âge de 84 ans. Il était décoré de la croix de guerre 1939-1945 et de la médaille de la Reconnaissance française, et était également chevalier de la Légion d'honneur et officier de l'ordre national du Mérite.