Maurice Lemaire
1895 - 1979
Né le 25 mai 1895 à Gerbepal (Vosges)
Décédé le 20 janvier 1979 à Paris
Député des Vosges de 1951 à 1958
Ministre de la reconstruction et du logement du 28 juin 1953 au 12 juin 1954
Ministre du logement et de la reconstruction du 19 juin au 13 août 1954, puis du 12 novembre 1954 au 23 février 1955
Secrétaire d'Etat à l'industrie et au commerce du 20 février 1956 au 11 juin 1957
Après des études scientifiques interrompues par la guerre, qu'il achève avec le grade de capitaine, Maurice Lemaire est admis en 1919 à l'Ecole Polytechnique. Deux ans plus tard, il entre dans l'administration des Chemins de fer du Nord comme chef de district. A la veille de la nationalisation du réseau ferré, en 1937, il est chef-adjoint au service de la voie du réseau d'Alsace-Lorraine. Il est ensuite chef-adjoint au service central des installations (jusqu'en 1938), sous-directeur du réseau de l'Est en 1939. Pendant l'offensive allemande de mai 1940, il réussit, comme directeur du réseau au nord de la Somme, à maintenir le système ferroviaire à la disposition du haut-commandement. Il est à nouveau décoré de la croix de guerre et est plusieurs fois cité.
A la Libération, Maurice Lemaire est promu directeur général-adjoint de la SNCF, puis directeur général de 1946 à 1949, date à laquelle il devient président du comité de gérance de l'Union internationale des chemins de fer. Parallèlement, il amorce une carrière d'élu local comme maire, en 1947, de la petite commune vosgienne de Colroy-la-Grande, puis, en octobre 1951, comme conseiller général du canton de Raon-l'Etape.
Entre temps, ses sympathies gaullistes, l'ont désigné comme tête de liste du RPF dans le département des Vosges. Département favorable puisqu'en novembre 1946, la liste gaulliste d'union républicaine avait obtenu 27 % des suffrages et un élu. Malgré une profession de foi très critique à l'égard de la IVe République et de la coalition de Troisième force, Maurice Lemaire n'en conclut pas moins un apparentement avec la liste des Indépendants et du RGR. Les listes apparentées ayant dépassé la majorité absolue des suffrages exprimés, les deux listes se partagent les cinq sièges à pourvoir : trois reviennent au RPF, deux à la liste modérée.
Son élection étant validée, le nouveau député est désigné à la Commission des moyens de Communications et du tourisme et, en mars 1955, à celle des affaires étrangères. Il est également membre titulaire de l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe, puis à l'Assemblée de la CECA. En janvier 1953 il est élu comme représentant de l'Assemblée nationale au conseil d'administration de la Caisse autonome de la reconstruction.
Ses interventions assez nombreuses sont essentiellement techniques, portant prioritairement sur les problèmes de la SNCF : personnels, dommages de guerre, matériel, assainissement financier. Il s'intéresse également à la modernisation de l'agriculture. Ses votes le rapprochent assez vite du régime. Après avoir voté les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé, (mais refusé la ratification de la CECA), il s'abstient volontairement lors des votes d'investiture d'Edgar Faure et d'Antoine Pinay en 1952. Son ralliement est parachevé par un vote favorable à l'investiture de René Mayer puis de Joseph Laniel, le 12 juin 1953. Il entre alors au gouvernement, avec trois autres gaullistes, comme ministre de la reconstruction et du logement. Comme tel il doit répondre à de nombreuses questions orales, accepter ou rejeter des amendements, présenter et défendre son budget, tâches dont il s'acquitte avec une indéniable compétence technicienne. Les rigueurs de l'hiver 1953-1954 et la campagne de l'abbé Pierre en faveur des sans-abri suscitent d'importants débats sur l'effort à consentir en matière de logement d'urgence ou de logement social.
Maurice Lemaire retrouve les mêmes fonctions, mais avec une priorité inversée (ministre du logement et de la reconstruction) dans le gouvernement dirigé par Mendès France (21 juin 1954), en faveur duquel il avait déjà voté en juin 1953. Mais ce ralliement ce révèle fragile. Déjà peu favorable à l'orientation libérale de la politique tunisienne du chef du gouvernement, Maurice Lemaire rejette les protocoles additionnels au traité de CED adoptés le 13 août 1954. Le jour même, il démissionne avec deux autres gaullistes, le général Kœnig et Jacques Chaban-Delmas. Il est remplacé par Eugène Claudius-Petit qui démissionne à son tour après le vote du 30 août qui a enterré la CED. Maurice Lemaire retrouve alors sa place au gouvernement. Si ses qualités de ministre demeurent intactes, sa position politique sort indéniablement fragilisée de cet épisode.
Après avoir voté l'investiture d'Edgar Faure et la loi sur l'état d'urgence en Algérie le 31 mars, Maurice Lemaire renouvelle ses critiques à l'encontre de la IVe République. Il lance en mars un « Appel de Saint-Dié » en faveur de la réforme institutionnelle, mais qui ne suscite guère d'écho. Il aborde les élections de janvier 1956 en position bien affaiblie par rapport à 1951. S'étant séparé de ses deux colistiers, Charles Guthmuller et André Garnier, il éprouve les plus grandes difficultés à constituer une liste sous l'étiquette des Républicains sociaux. Il conclut en outre un apparentement avec les listes MRP et CNI, qui est peu compatible avec ses professions de foi très critiques à l'égard du régime. Au total, la liste n'obtient que 36 410 voix contre 52 958 en 1951. Mais en raison du panachage, il obtient personnellement 42 833 suffrages et se trouve réélu.
Son élection étant validée, Maurice Lemaire est nommé membre de la Commission des affaires étrangères, ainsi qu'à la Commission du suffrage universel et des lois constitutionnelles. Il sera plus tard membre des Commissions des affaires économiques et de la production industrielle (4 octobre 1957). Mais dans la formation de son gouvernement, Guy Mollet, qui a besoin de l'appoint des républicains sociaux, fait appel à lui comme secrétaire d'Etat à l'industrie et au commerce, faisant preuve d'une certaine mansuétude à l'égard du député des Vosges qui venait de contracter une alliance à droite. Maurice Lemaire, durant les seize mois de son secrétariat d'Etat, doit affronter le problème des mutations énergétiques et faire face au rationnement de l'essence (assorti d'un florissant marché noir) consécutif à la crise de Suez. Lors du débat de la loi des finances pour 1957, il doit défendre les importantes dotations budgétaires allouées aux entreprises nationalisées, toujours très impopulaires à droite. Il doit également répondre à de multiples interventions et questions orales sur les questions les plus diverses relevant de ses compétences.
Après la chute du gouvernement Mollet (21 mai 1957), Maurice Lemaire vote les investitures de Maurice Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard. Mais il ne prend pas part au vote autorisant la ratification des traités de Rome et s'abstient volontairement, comme la plupart des républicains sociaux, sur le second projet de la loi-cadre en Algérie (31 janvier 1958). Ayant refusé sa confiance à Félix Gaillard le 15 avril et à Pierre Pflimlin le 13 mai, il se rallie tout naturellement au général de Gaulle lors des votes des 1er et 2 juin 1958.
Maurice Lemaire a été constamment réélu député de la deuxième circonscription des Vosges de 1958 à 1978, date à laquelle il ne s'est pas représenté. Philippe Séguin lui succède alors.
LEMAIRE (Maurice, Henri)
Né le 25 mai 1895 à Gerbépal (Vosges)
Décédé le 20 janvier 1979 à Paris
Député des Vosges de 1951 à 1978
Ministre de la reconstruction et du logement du 28 juin 1953 au 12 juin 1954
Ministre du logement et de la reconstruction du 19 juin au 13 août 1954, puis du 12 novembre 1954 au 23 février 1955
Secrétaire d’Etat à l’industrie et au commerce du 20 février 1956 au 11 juin 1957
Maurice Lemaire n’aborde pas les élections législatives de novembre 1958 dans les meilleures conditions. Il s’y présente dans la deuxième circonscription des Vosges, qui compte pour ville principale Saint-Dié. Il reçoit certes l’investiture de l’UNR, mais fait figure d’homme de la IVème République pour certains électeurs, et n’incarne pas a priori le désir de renouveau qui se manifeste à l’occasion des scrutins de l’automne 1958. Homme d’expérience, il conçoit en outre une certaine déception de ne pas figurer au Gouvernement. Une large majorité des élus locaux de la deuxième circonscription des Vosges lui apporte son appui dès le premier tour des législatives. Dans sa profession de foi électorale, le sexagénaire Maurice Lemaire se présente comme un homme qui « conserve la jeunesse d’esprit et de cœur (…) nécessaire à la mise en œuvre des grandes tâches qui conditionnent l’avenir du pays ». Ses engagements sont conformes aux orientations nationales de l’UNR : attachement au pacte de Constantine pour l’Algérie, réforme de l’Etat, politique d’indépendance nationale et défense des nouvelles institutions. Il met cependant l’accent sur la nécessité d’une « politique hardie d’expansion économique » contre ceux qui appellent déjà à lutter contre l’inflation. Ses principaux adversaires sont l’Indépendant Jean Poirot, conseiller général et ancien résistant et le progressiste Robert Chambeiron, député sortant et ancien secrétaire général adjoint du Conseil national de la Résistance. Maurice Lemaire réalise un excellent résultat en rassemblant 45,4% des suffrages exprimés le 23 novembre 1958. L’ouest de la circonscription lui préfère cependant Jean Poirot, conseiller général de Corcieux. Une semaine plus tard, l’ancien ministre de Pierre Mendès est réélu député des Vosges grâce au soutien de 45,9% des électeurs dans le cadre d’une triangulaire. Maurice Lemaire n’a gagné que 409 voix entre les deux tours malgré le retrait du socialiste Bernard Renouard et une légère hausse de la participation (+1,2%).
Il s’inscrit au groupe UNR de l’Assemblée nationale et demeure fidèle aux différentes formations qui se réclament du gaullisme au Palais-Bourbon jusqu’en 1978. Le député des Vosges rejoint en outre la Commission de la production et des échanges et est porté à sa présidence le 30 janvier 1959. C’est depuis cette position au Parlement qu’il cherche à peser sur les grands choix économiques de la France jusqu’en 1973. Les compétences de la Commission de la production et des échanges s’étendent en effet à l’industrie, l’énergie, le commerce extérieur, l’agriculture ou l’équipement. Cette commission n’offre pas toutefois la même « visibilité » ni le même prestige que celles des finances ou des affaires étrangères. Maurice Lemaire intervient à 23 reprises dans l’hémicycle sous la première législature de la Vème République. Ses discours reviennent souvent sur des questions qu’il connaît bien, qu’il s’agisse de l’importance du pétrole saharien pour l’avenir de la France (25 novembre et 10 décembre 1959) ou de l’insuffisance de la décentralisation industrielle (3 mai 1960). Le député des Vosges estime que le développement de la région parisienne s’est longtemps fait aux dépens du reste du territoire et propose de limiter l’expansion démographique de la capitale et sa banlieue (16 décembre 1960). Les vues qu’il exprime en matière économique tranchent avec les options libérales retenues dans les premières années de la Ve République, sous l’influence d’experts comme Jacques Rueff. Jugeant insuffisant le niveau de la croissance française, l’élu vosgien appelle de ses vœux une politique ouvertement expansionniste. Il suggère d’imaginer un grand plan d’investissements, qui permette notamment à la France de construire les établissements scolaires et les logements dont sa jeunesse a alors besoin. Loin de se limiter aux commissions de l’UNR, ces prises de positions ont plusieurs fois pour cadre le Palais-Bourbon, comme lors de la discussion générale du projet de loi de finances pour 1961 (25 octobre 1960). La Commission de la production et des échanges, qu’il préside, n’hésite pas à émettre d’importantes réserves sur des textes gouvernementaux, notamment en matière agricole, entre 1958 et 1962.
Maurice Lemaire ne néglige pas de défendre les intérêts de ses commettants dans l’hémicycle, lorsqu’il s’agit de regretter le préjudice subi par les papeteries, notamment vosgiennes, du fait de la réduction des droits de douanes sur les pâtes à papier importées (22 juillet 1960). Son soutien ne fait pas défaut à l’exécutif entre 1959 et 1962. S’il ne se résout que difficilement à l’autodétermination de l’Algérie, il évolue avec le pouvoir gaulliste sur cette question, qu’il s’agisse d’approuver la déclaration de politique générale de Michel Debré (15 octobre 1959), d’accorder les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour rétablir l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) ou de voter la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, son ancien « collègue » du gouvernement Laniel (5 juillet 1962). Il ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale, Maurice Lemaire retrouve deux de ses adversaires de 1958 au premier tour des législatives. Les Vosgiens ayant approuvé très largement l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel direct, le contexte politique est favorable au sortant. Sa victoire fait si peu de doute qu’il peut s’intéresser de près aux campagnes menées par deux jeunes UNR, Marcel Hoffer et Christian Poncelet, dans les première et troisième circonscriptions des Vosges, leur accordant conseils et soutiens. Le 18 novembre 1962, 62,2% des électeurs de la deuxième circonscription renouvellent leur confiance à Maurice Lemaire.
L’élu lorrain, président d’une des six commissions permanentes de l’Assemblée nationale ne peut s’opposer frontalement au plan de stabilisation appliqué à partir de 1963 par le ministre des Finances Valéry Giscard d’Estaing. Il développe néanmoins ses convictions expansionnistes sans craindre d’apparaître isolé, lors de la séance publique du 9 mai 1963. Maurice Lemaire n’hésite pas à défendre les compétences de la Communication de la production et des échanges à chaque fois qu’il est question de créer des instances spéciales pour la dessaisir d’une partie de ses compétences, comme sur le projet de loi relatif aux forêts françaises (9 mai 1963) ou à propos des questions de logement (11 juin 1964). Rapporteur pour avis de la loi portant approbation du Ve Plan de développement économique et social (3 novembre 1965), l’ancien ministre s’intéresse particulièrement à la question des villes nouvelles, dont il s’est entretenu avec le général de Gaulle à l’occasion d’un rendez-vous au Palais de l’Elysée, le 14 janvier 1965. Maurice Lemaire préconise de créer trois types de villes nouvelles : des villes de décongestion de la région parisienne, des villes de décongestion des métropoles provinciales comme Lyon ou Marseille, enfin des villes de « fixation » de la population dans des régions comme la Vendée. Son intérêt pour l’aménagement du territoire l’amène, dans un autre registre, à regretter que la première chaine de l’ORTF demeure difficilement captable dans certaines zones montagneuses, en particulier dans son département d’élection (14 octobre 1965).
Sans figurer au nombre des « gaullistes de gauche » comme son collègue vosgien Christian Poncelet, Maurice Lemaire considère en outre l’entreprise comme une cellule essentielle de la société, au sein de laquelle des rapports harmonieux doivent pouvoir s’établir entre représentants des salariés et dirigeants. Spécialiste des questions énergétiques, c’est tout naturellement qu’il est désigné comme rapporteur pour avis d’un accord entre l’Algérie et la France sur les questions industrielles et pétrolières (14 octobre 1965). Maurice Lemaire respecte la discipline de vote du groupe gaulliste entre 1962 et 1967. Il autorise notamment la ratification du traité de l’Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963) ou soutient l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963).
La mairie de Saint-Dié, principale cité de la deuxième circonscription des Vosges, a basculé à gauche en 1965 avec la victoire de la liste menée par Pierre Noël, membre du Parti socialiste unifié (PSU). Ce dernier se porte candidat aux élections législatives de mars 1967 contre Maurice Lemaire. L’ancien ministre a échoué à ravir la présidence du Conseil général des Vosges à l’Indépendant Jean Vilmain en 1961 et en 1964. Compte tenu de son âge avancé (72 ans), certains responsables gaullistes émettent déjà des réserves sur la candidature de Maurice Lemaire au nom de l’UD-Ve République en 1967. Au premier tour, le sortant axe sa campagne sur son bilan en matières économique et sociale. Il se trouve 18620 électeurs pour souscrire à ce message, soit 46,3% des suffrages exprimés. Le gaulliste arrive en tête dans l’ensemble des cantons, y compris à Saint-Dié. A la veille du tour décisif, il adopte un ton plus politique et s’adresse aux électeurs vosgiens pour les dissuader de faire confiance à « un homme seul, appartenant à un parti minuscule », le PSU, « noyé dans la Fédération de la gauche ». Maurice Lemaire plaide en outre pour une meilleure liaison entre l’Alsace et les Vosges par l’utilisation du tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines comme tunnel routier, afin de « réaliser un boulevard de prospérité allant de Sélestat à Saint-Dié et Raon l’Etape ». Il est confirmé dans son mandat parlementaire le 12 mars 1967 : mais sa victoire est étriquée (51,3%).
Le député des Vosges, réélu Président de la Commission de la production et des échanges, prend la parole à neuf reprises en séance publique sous la troisième législature (1967-1968). Il exprime par exemple sa préoccupation face à la situation de l’industrie cotonnière française en posant une question orale au ministre de l’Industrie le 9 juin 1967. L’industrie du bois joue un rôle important dans l’économie vosgienne : l’ancien ministre suggère un dégrèvement des taxes pour les bois de sciage exportés, afin de pallier la crise que connaît ce secteur économique (8 novembre 1967). Cet avocat du volontarisme économique, voire du productivisme, s’inquiète paradoxalement des risques de pollution liés aux plates-formes de forage pétrolier en haute mer (15 mai 1968). Maurice Lemaire ne vote pas la motion de censure du 9 juin 1967.
C’est investi par l’Union de Défense de la République (UDR) que Maurice Lemaire retrouve les électeurs vosgiens à l’occasion des législatives de juin 1968. Très offensif, le sortant fustige les politiciens du drapeau rouge », les « maoïstes » et les « révolutionnaires sans aveu » qui plongé la France dans « l’angoisse » au cours des événements de mai. Septuagénaire, Maurice Lemaire dit se sentir des forces « intactes », qu’il entend « vouer à la liberté, la justice et la fraternité ». Il est réélu député par 53,8% des électeurs delà deuxième circonscription des Vosges dès le 23 juin 1968.
Les cinq années de la quatrième législature (1968-1973) correspondent au dernier « mandat » de Maurice Lemaire à la présidence de la Commission de la Production et des échanges. Toujours aussi actif au Parlement, il intervient sur de nombreux sujets, mais y fait entendre la voix d’un expert plus que d’un bretteur de la politique. Directeur général de la SNCF à la Libération, il en soutient le projet de réforme en octobre 1968 et appelle de ses vœux « la fin du gaspillage » dans cette entreprise publique. Il s’autorise de sa qualité d’ancien élève pour participer au débat sur le projet de loi relatif à l’Ecole polytechnique (2 juin 1970) ou de ses anciennes responsabilités gouvernementales pour commenter le budget du Logement et de l’Urbanisme (4 novembre 1970). Rapporteur pour avis du VIe Plan, il déplore l’inculture économique des Français et insiste, dans un autre ordre d’idées, sur la nécessité de poursuivre l’effort de décentralisation et de déconcentration économiques (18 juin 1971). Le député des Vosges tient particulièrement à l’installation d’unités industrielles à la campagne, pour éviter que les villes et leurs banlieues s’étendent à l’infini. Fidèle à la majorité, il se prononce en faveur de la loi Faure sur l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) comme de la loi dite « anti-casseurs » (4 juin 1970) ou de la création des régions (27 avril 1972).
Président du syndicat intercommunal d’études et d’action de la région de Saint-Dié à partir de 1965, Maurice Lemaire démissionne en 1969 de son mandat de conseiller général de Raon-l’Etape, pour se présenter à une élection cantonale partielle. Maire de Colroy-la-Grande depuis 1947, il entend représenter désormais le canton de Provenchères-sur-Fave, où se trouve sa commune, à l’Assemblée départementale. Il devait du reste y être réélu le 8 mars 1970. L’âge avancé de Maurice Lemaire fait cependant naître des doutes au sein de l’UDR sur l’opportunité de sa candidature aux législatives de mars 1973. A 77 ans, l’ancien ministre de Joseph Laniel, Pierre Mendès France et Guy Mollet décide de « rempiler » pour un mandat. Il entend en effet mener à bien le projet d’ouverture du tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines au trafic routier. Sa profession de foi dénonce le Programme commun de la gauche comme l’alliance du « communisme » et du « crypto-communisme ». Ses deux seuls adversaires se situent en effet à gauche : le PCF présente le professeur Charles Lemoine, tandis que le maire de Saint-Dié Pierre Noël, déjà candidat en 1967 et 1968 sous l’étiquette du PSU, reçoit l’investiture du Parti socialiste. Si Maurice Lemaire arrive en tête dans l’ensemble des sept cantons de la circonscription au premier tour, il ne doit qu’à une hausse de la participation (+3,1%) d’être réélu le 11 mars 1973. Il semble en outre que plus de 10% des électeurs communistes du 4 mars aient choisi de voter gaulliste une semaine plus tard.
Sous la cinquième législature (1973-1978), Maurice Lemaire figure au nombre des doyens de l’Assemblée nationale. Il doit abandonner la présidence de la Commission de la production et des échanges dès avril 1973 et ne participe plus guère aux travaux législatifs. Sa dernière intervention dans l’hémicycle a lieu le 14 novembre 1973. Rapporteur pour avis du budget de l’aménagement du territoire, de l’équipement et de l’urbanisme, il insiste alors sur la nécessité de coordonner au mieux le rail et la route, comme la République fédérale d’Allemagne (RFA) essaie de le faire à cette époque.
Entre 1973 et 1978, le député des Vosges, qui rejoint le RPR en décembre 1976, se situe dans la majorité des gouvernements Messmer, Chirac et Barre. Il vote la réduction du mandat présidentiel à cinq ans (16 octobre 1973), l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel (10 octobre 1974) mais refuse de légaliser l’interruption volontaire de grossesse (28 novembre 1974). Il approuve en revanche la réforme du divorce (4 juin 1975) et l’élection de l’Assemblée des Communautés européennes au suffrage universel (21 juin 1977).
Réélu conseiller général en mars 1976, Maurice Lemaire inaugure le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines le 28 mars de la même année, en présence du chef de l’Etat Valéry Giscard d’Estaing. Il s’agit de l’aboutissement d’un combat mené depuis le début des années 1960.
L’ancien ministre ne sollicite pas le renouvellement de son mandat parlementaire en 1978. La majorité se divise à ces élections entre l’UDF Lionel Stoléru, secrétaire d’Etat et proche du président Valéry Giscard d’Estaing, et Roger Souchal, ancien député gaulliste de Meurthe-et-Moselle. Ce dernier, quoique maire d’une commune du canton de Coussey, à l’extrémité ouest du département, se présente dans la deuxième circonscription des Vosges avec le soutien du président du Conseil général RPR Christian Poncelet. Le 19 mars 1978, les électeurs préfèrent le socialiste Christian Pierret à Lionel Stoléru pour les représenter au Parlement. Les Vosgiens se choisissent un autre jeune énarque comme député à cette occasion : Philippe Séguin, membre de la Cour des Comptes, succède en effet à Marcel Hoffer comme élu de la première circonscription des Vosges .
En 1979, Maurice Lemaire envisage de démissionner de l’Assemblée départementale afin que Lionel Stoléru lui succède comme conseiller général de Provenchères-sur-Fave. Il meurt toutefois avant d’avoir officialisé cette décision.
Il était commandeur dans l’ordre de la Légion d’honneur.