René, Sylvain, Edouard Billères

1910 - 2004

Informations générales
  • Né le 29 août 1910 à Ger (Hautes-Pyrénées - France)
  • Décédé le 2 octobre 2004 à Lourdes (Hautes-Pyrénées - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Non inscrit
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Rassemblement démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Hautes-Pyrénées
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1974 au 1er janvier 1983

Biographies



Né le 29 août 1910 à Ger (Hautes-Pyrénées)

Membre de la Seconde Assemblée nationale Constituante (Hautes-Pyrénées) Député des Hautes-Pyrénées de 1946 à 1958

Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil, chargé des relations avec les Assemblées et de la fonction publique du 12 novembre 1954 au 23 février 1955 Ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports du 22 juin 1956 au 13 juin 1957

Ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports du 13 juin 1957 au 14 mai 1958

Fils de Charles Billères, greffier et de Jeanne Davant, institutrice, René Billères effectue de brillantes études secondaires au lycée Théophile Gautier de Tarbes de 1921 à 1928 et obtient notamment le deuxième prix de version grecque au concours général de 1927. Il prépare le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure dans la khâgne du lycée de Toulouse puis dans celle du lycée Lakanal (1929-1931). René Billères entre 25e rue d'Ulm, en 1931, dans la même promotion qu'un futur président de la République, Georges Pompidou, dont il avait déjà été le condisciple dans la khâgne du lycée de Toulouse. Pendant son séjour à l'Ecole normale, il fonde et anime pendant deux ans (1932-1934), un groupe d'études pour la Société des nations, et obtient, en 1933, le premier prix d'un concours international organisé par la New History Society de New York sur la contribution de la jeunesse étudiante au maintien de la paix. Licencié ès lettres en 1932, il est reçu agrégé de lettres en 1934 et nommé professeur de lettres dans sa région d'origine, à Mont-de-Marsan, puis à Tarbes. Aux élections de 1936, la fédération radicale-socialiste des Hautes-Pyrénées lui demande d'être candidat dans l'arrondissement d'Argelès-Gazost.

En septembre 1939, René Billères, mobilisé comme lieutenant chef de section d'infanterie au 49e RI, est blessé et cité pendant la campagne de France et décoré de la Croix de guerre. Fait prisonnier par les Allemands le 23 juin 1940 à Senones (Vosges) il est interné à Sarrebourg puis dans les oflags de Lübben, Munster et Sœst.

De retour de captivité, René Billères figure en seconde position sur la liste radicale-socialiste des Hautes-Pyrénées, derrière le docteur Baratgin, aux élections pour la Première Assemblée nationale Constituante. La liste ayant recueilli 22 469 voix, seul ce dernier est élu. Aux élections pour la Seconde Assemblée nationale Constituante, René Billères dirige la liste du Rassemblement des gauches républicaines et est élu à la plus forte moyenne avec 21 902 suffrages. Pendant ce premier court mandat, il fait partie de la Commission de l'éducation nationale et de celle du ravitaillement, mais n'intervient pas en séance.

Les élections législatives de 1946 enregistrent les mêmes rapports de force que les élections pour la Constituante. René Billères est de nouveau élu avec 20 453 voix, tout comme ses concurrents communiste, Jean Toujas, et M.R.P., Charles d'Aragon. De nouveau membre de la Commission de l'éducation nationale, il en devient président à partir du 21 janvier 1949. Il appartient en outre à la Commission des pensions et est nommé juré à la Haute Cour de justice le 26 janvier 1948. Ses travaux parlementaires écrits sont presque exclusivement consacrés à l'enseignement. Il rédige notamment deux rapports sur les problèmes catégoriels qu'ont introduits certaines réformes des classements indiciaires des personnels enseignants. Ses interventions en séance sont toutes liées au même domaine et à ses fonctions de président de la Commission de l'éducation nationale. Le 13 mai 1948 notamment, il intervient à propos des difficultés soulevées par la nationalisation des écoles des houillères, en rappelant son attachement à la laïcité mais aussi son refus de la nationalisation scolaire sous couvert de nationalisation économique des biens des houillères. Contre les partisans les plus farouches de l'école laïque, il affirme que la meilleure défense de la laïcité réside dans une véritable réforme et une adaptation de l'enseignement public au monde moderne.

Le 8 juin 1950, il proteste, au nom de la Commission de l'éducation nationale, contre les propositions de réduction d'effectifs du personnel faites par la Commission nationale des économies, alors que, selon lui, les classes sont surpeuplées dans tous les types d'enseignement. Il conclut en appelant à voter pour la proposition Deixonne qui demande qu'aucune réduction de crédits ne touche l'éducation nationale. Le 23 juin suivant, la discussion générale sur ce budget lui fournit l'occasion de développer de nouveau ses thèses, notamment la nécessité d'une réforme d'ensemble mais aussi l'impératif, pour le gouvernement, de placer l'éducation nationale au rang des priorités : « la vitalité des peuples et des régimes se mesure très exactement à la qualité de l'intérêt qu'ils portent à deux ordres de questions : les questions sociales et les questions d'éducation nationale. Je ne suis pas sûr que la solution des questions d'éducation ne soit pas aussi la clé des questions sociales. C'est pourquoi j'ai lancé le cri d'alarme, il y va, mesdames et messieurs, de la nation ». Lors de l'examen du budget de 1951, à la séance du 20 avril, il reconnaît une amélioration de la situation pour certains postes, notamment pour la recherche, les crédits pour les suppléances, l'enseignement technique, les activités physiques ou extra-scolaires, mais déplore que, pour nombre d'autres, on soit loin du compte par rapport aux besoins. Il souligne aussi que, dans de nombreux cas, les augmentations de postes ou de crédits sont faites grâce à des diminutions d'autres emplois budgétaires. Il conclut par une idée qui lui est chère : « Le ministère de l'éducation nationale n'est pas un ministère comme les autres. Il a droit à toutes les priorités pour deux raisons simples. Tout d'abord, c'est lui qui tient dans ses mains l'avenir de la France. Ensuite, il n'y a probablement plus d'autre chance, pour une nation comme la nôtre, surtout quand elle ne s'appuie pas sur la masse et sur la quantité, de rester une nation libre ».

Aux élections du 17 juin 1951, René Billères retrouve son siège de député dans les Hautes-Pyrénées en recueillant 27 669 voix. Grâce à la loi sur les apparentements, le second de sa liste, Pierre Mailhé, est également élu au détriment du communiste Jean Toujas. Pendant la nouvelle législature, René Billères retrouve ses fonctions de président de la Commission de l'éducation nationale. Presque toutes ses interventions en séance portent sur les problèmes de l'enseignement, sauf celles qui sont liées à ses brèves fonctions de secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil dans le cabinet Mendès-France remanié (novembre 1954-février 1955). L'une de ses plus longues interventions est suscitée, le 6 septembre 1951, par la proposition Teitgen d'un compte spécial du Trésor accordant des allocations aux parents d'élèves des écoles privées. Selon lui, cela revient « à subventionner avec l'argent de l'Etat l'école privée contrairement à la loi et même à la Constitution ». Il déplore qu'on ranime ainsi un débat archaïque alors que l'éducation nationale fait face à des problèmes difficiles. Après avoir fait l'éloge de l'école publique et de la laïcité qui y règne, il met en garde le M.R.P. contre le risque de relancer, par ce genre de propositions, le sectarisme laïque. Le 6 avril 1952, René Billères profite de la discussion de la loi de finances qui exige des économies sur le budget de l'éducation nationale pour renouveler ses appels à une exception pour ce poste budgétaire. Il soutient que des économies importantes pourraient être réalisées par le contrôle des marchés de l'Etat.

Le 20 décembre suivant, au terme d'un examen critique du budget d'investissement proposé par le ministre André Marie, il souligne l'écart entre les propositions de la Commission Le Gorgeu et les sommes prévues, s'inquiète aussi de la crise du recrutement des enseignants notamment dans les disciplines scientifiques, du fait de l'insuffisance des salaires proposés par rapport à ceux du secteur privé et demande enfin un strict contrôle des crédits pour rendre ceux-ci plus productifs en plaidant une fois de plus pour une réforme adaptant l'Education nationale au monde moderne. Le 12 mars 1953, il intervient longuement au nom de la Commission de l'éducation nationale contre les projets de modification des dates de vacances scolaires dont il souligne les inconvénients tant pédagogiques que sociaux.

Le débat sur la Communauté européenne de défense (C.E.D.), suscite la seule intervention de René Billères sur les questions internationales. Le 24 novembre 1953, il s'affirme, comme toujours, favorable à une position moyenne entre les plus ardents partisans de l'intégration européenne et les opposants qui risquent de faire le jeu de l'U.R.S.S. Il marque son souci également de ne pas compromettre l'avenir de l'Union française et la capacité de négociation indépendante de la France dans le concert international.

Mais ce qui le met le plus en vedette à la fin de 1953 et au début de 1954, c'est son opposition décidée au ministre de l'Education nationale dont il fait repousser l'examen du budget à l'unanimité de la commission qu'il préside, puis par l'Assemblée, en raison des insuffisances qu'il y relève en dépit des promesses antérieures. Cette petite guerre qui oblige à recourir aux douzièmes provisoires est marquée par de longues passes d'armes oratoires lors des séances du 30 novembre 1953, du 14 décembre suivant, du 31 mars et du 1er avril 1954, et ceci alors que plusieurs membres du même groupe parlementaire que René Billères siègent au gouvernement.

Cette fermeté explique en partie que Pierre Mendès-France ait fait appel à René Billères pour un poste de secrétaire d'Etat chargé des relations avec le Parlement et de la fonction publique. Parmi ses nombreuses interventions en séance liées à ses fonctions, la plus importante est celle du 1er février 1955 où il défend, avec une clarté et une compétence que même les parlementaires les plus critiques reconnaissent, les mesures de revalorisation des traitements des fonctionnaires prises par le gouvernement. Quatre jours plus tard, la mise en minorité du cabinet Mendès-France entraîne sa démission avec l'ensemble du ministère.

Lors des élections du 2 janvier 1956, la liste radicale des Hautes-Pyrénées de René Billères a conclu un apparentement avec la liste de la S.F.I.O. conformément à l'accord national du Front républicain. René Billères remporte un succès personnel avec 33 960 voix (31,9 % des suffrages) ce qui permet sa réélection ainsi que celle de son suivant de liste, Pierre Mailhé. Ses longues fonctions de président de la Commission de l'éducation nationale, ses récentes responsabilités gouvernementales et ses liens avec Pierre Mendès France expliquent son entrée comme ministre de l'Education nationale dans le gouvernement Guy Mollet. En dépit de l'instabilité qui marque la fin de la IVe République, René Billères conservera ce ministère jusqu'en 1958. Il peut ainsi commencer à mettre en œuvre les principes qu'il a défendus comme parlementaire spécialisé dans ces questions depuis 1949. A ce titre, il dépose notamment, le 1er août 1956, un projet de loi portant prolongation de la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans et réforme de l'enseignement public. Ce projet institue en outre un enseignement moyen dans le premier cycle du second degré, revalorise le développement de l'enseignement technique et prévoit un plan de financement avec un échéancier.

Ses interventions parlementaires comme ministre consistent principalement, outre la réponse à diverses questions orales ponctuelles, à défendre le budget de l'éducation nationale dont il était autrefois le censeur vigilant. La première qui marque son intention ferme de remplir le programme fixé par le Front républicain en matière d'Education nationale a lieu le 16 juin lors de la discussion du collectif budgétaire. L'augmentation des crédits d'équipement de 35 % vise, selon le ministre, à assurer une rentrée scolaire convenable en 1956-1957, les effectifs scolaires ne cessant d'augmenter. Mais il souligne aussi que la construction de classes prend moins de temps que la formation d'enseignants nouveaux surtout dans le haut de la hiérarchie. Aussi faudra-t-il, comme les années antérieures, faire appel à des enseignants à la formation accélérée ou partielle, ce qui n'est qu'un pis aller. René Billères déplore aussi le malthusianisme des jurys d'agrégation qui ne pourvoient pas tous les postes créés. Plus difficiles encore à résoudre sont les questions nées du cloisonnement entre les enseignements secondaire et technique ou celles du recrutement de chercheurs scientifiques qui ont des débouchés plus lucratifs dans l'industrie privée. Il envisage donc de proposer diverses mesures de revalorisation des rémunérations de ces derniers. De même, René Billères souligne que le recrutement des maîtres, notamment du second degré, passe par une politique volontariste dès les années d'études afin d'attirer, grâce aux instituts pédagogiques régionaux, des candidats assurés de poursuivre leurs études supérieures en échange d'un engagement à servir l'Education nationale pris dès le baccalauréat. Le collectif budgétaire comprend aussi diverses mesures d'ordre social (subventions aux restaurants universitaires, bourses pour les colonies de vacances etc.) Enfin, pour hâter les procédures de construction de locaux, le ministre a créé une direction de la construction scolaire. En conclusion, René Billères annonce l'élaboration prochaine d'un plan d'équipement de l'Education nationale, lui-même lié au projet de réforme qui en est déjà au stade des consultations auprès des grands conseils spécialisés (Conseil supérieur de l'Education nationale, Conseil économique et social). A cette occasion, il relève que la prolongation de la scolarité obligatoire est déjà effective dans la plupart des pays voisins de la France. Tous les orateurs qui interviennent dans la discussion, même les plus critiques, reconnaissent l'ampleur des vues et des perspectives tracées par le ministre ainsi que sa compétence tirée de son expérience parlementaire.

René Billères tente de rassurer dans ses réponses les défenseurs de l'enseignement classique qui, comme Hippolyte Ducos, craignent que sa réforme ne porte atteinte à l'humanisme traditionnel. Selon le ministre, il s'agit d'élever l'enseignement technique et non d'abaisser l'enseignement classique.

Lors de la discussion de projet du budget pour 1957, les 27 novembre et 3 décembre 1956, René Billères développe de nouveau ses projets qui se précisent : création d'une agrégation de lettres modernes, augmentation de la prime allouée aux chercheurs, création de nouvelles écoles d'ingénieurs des arts et métiers, réforme du système des bourses, lutte contre le malthusianisme des grandes écoles d'ingénieurs par l'institution de nouvelles écoles, comme l'I.N.S.A. de Lyon. Il lie aussi le déblocage de certaines autorisations de programme, que certains députés critiquent, à la mise en œuvre effective de la réforme de l'enseignement qu'il propose.

Lors d'une interpellation sur la politique scientifique du gouvernement, le 13 mars 1957, René Billères montre que les difficultés de l'enseignement scientifique, du recrutement des chercheurs ou des ingénieurs ont pour origine l'absence de la réforme de l'enseignement qui n'est toujours pas votée. La discussion de celle-ci, entamée le 24 juillet 1957, tourne court du fait des oppositions corporatistes de certains enseignants relayées par quelques députés influents et par l'instabilité gouvernementale qui marque la fin de la IVe République. Si René Billères conserve son portefeuille dans les gouvernements Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard, les difficultés politiques et financières liées à la guerre d'Algérie limitent sa marge d'action. Lors de la discussion budgétaire pour 1958, il souligne que l'Education nationale a été épargnée par les mesures d'économie mais rappelle aussi qu'une partie des crédits est bloquée par l'absence de vote sur la réforme de l'enseignement.

La conclusion de sa dernière intervention importante, le 8 mars 1958, apparaît rétrospectivement comme une sorte de testament ministériel qui résume tout le sens de son action : « Mais, quand vous rappeliez mes paroles de 1954, je pensais que je pouvais éprouver quelque fierté d'avoir tenu, comme ministre, les engagements que je prenais moralement comme simple député et président de la Commission de l'éducation nationale.

Cette fierté, je la revendique hautement, car malgré toutes les difficultés que les temps actuels ont accumulées sur ma route, je puis tout de même dire qu'en deux ans j'ai augmenté de 50 % exactement les moyens de l'Education nationale. Ceci ne peut être contesté et je demande qu'on cite l'exemple d'un effort égal accompli en si peu de temps dans toute l'histoire de notre éducation nationale. »

Le 1" juin 1958 il vote la confiance au général de Gaulle puis, le 2 juin, accorde les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.


BILLERES (Sylvain, Edouard, René)
Né le 29 août 1910 à Ger (Hautes-Pyrénées)
Décédé le 2 octobre 2004 à Lourdes (Hautes-Pyrénées)

Député des Hautes-Pyrénées de 1946 à 1973
Sénateur des Hautes-Pyrénées de 1974 à 1983

Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil des ministres, chargé des relations avec les assemblées, et de la fonction publique du 12 novembre 1954 au 23 février 1955
Ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports du 22 juin 1956 au 13 juin 1957
Ministre de l'Education nationale, de la jeunesse et des sports du 13 juin 1957 au 14 mai 1958


Les débuts de la Ve République coïncident avec la fin de la carrière ministérielle de René Billères, qui confia plus tard avoir repoussé des sollicitations gaullistes pour entrer au gouvernement en juin 1958. En revanche, il poursuit une brillante carrière parlementaire jusqu'en 1983.

En novembre 1958, il est candidat dans la première circonscription des Hautes-Pyrénées, dont la représentation nationale est passée de trois à deux députés. Dans sa profession de foi, le député sortant rappelle particulièrement son action au ministère de l'Education nationale. Il recueille 36,7 % des suffrages exprimés (18 282 voix), largement devant le candidat de l'Union pour la nouvelle république (UNR), Jean Fourcade (7 992 voix), et l'ancien député communiste Jean Toujas (7 809 voix). Le Parti radical est en tête dans tous les cantons, tandis que le Parti communiste français (PCF) et la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) ont perdu 4 000 voix dans les limites de cette circonscription (Tarbes-sud, Bagnères-de-Bigorre) par rapport à 1956. Sans surprise, René Billères est réélu dans la triangulaire du second tour, avec 21 630 voix (47 %), bénéficiant notamment d'un bon report des voix socialistes. En mars 1959, il subit un échec aux élections municipales à Tarbes, où le maire, Marcel Billières (SFIO) – défait quatre mois plus tôt dans la deuxième circonscription du département face au député sortant, Jacques Fourcade, du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) – perd son fauteuil au profit de la droite.

L'élu pyrénéen fait partie de la vingtaine de députés radicaux rescapés du scrutin majoritaire. Il rejoint la formation administrative des non-inscrits, qu'il quitte en 1959 pour le groupe parlementaire de l'Entente démocratique, formé du Parti radical et d'élus centristes. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.

Au cours de cette première législature, son activité parlementaire reste discrète. René Billères intervient à six reprises, sur le projet de loi relatif au tunnel transpyrénéen (Aragouet-Bielsa), sur le budget de l'Education, lors du débat du projet de loi de finances pour 1962 puis dans la discussion du IVe Plan. Il dépose une proposition de loi constitutionnelle tendant à interpréter les articles 29 et 30 de la Constitution, relatifs aux réunions en sessions du Parlement (5 mai 1960). Il approuve la déclaration de politique générale du gouvernement Debré du 16 janvier 1959. Il vote ensuite contre le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale, le 3 juin 1959. Le 15 octobre 1959, il accorde à nouveau sa confiance au gouvernement Debré avant de passer progressivement dans l'opposition. Il s'oppose ainsi au projet de loi concernant l’enseignement privé (23 décembre 1959) qui choque la culture laïque de l'élu radical, par ailleurs catholique pratiquant. Il vote en faveur des pouvoirs spéciaux attribués au gouvernement lors du scrutin du 2 février 1960, mais désapprouve ensuite la modification de la Constitution (11 mai 1960), qui institue une Communauté entre la France et ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne. Il considère, de manière précoce, l'indépendance de l'Algérie comme inéluctable. Le député des Hautes-Pyrénées se prononce contre la déclaration de politique générale du gouvernement Pompidou (27 avril 1962). Il vote la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962). Marcel Billières qualifie la réforme constitutionnelle de l'automne 1962, instituant l'élection du président de la République au suffrage universel, de « violation de la Constitution » lors du débat sur la motion de censure, qu'il approuve. L’adoption de cette motion provoque la chute du gouvernement Pompidou, le 4 octobre 1962, puis la dissolution de l'Assemblée nationale, le 9.

Candidat à la réélection en novembre 1962, l'ancien ministre, se présente sous l’étiquette « Gauche démocratique », car soutenu par la SFIO. Il manque de peu son élection au premier tour dès le 18 novembre (48,2 % des 41 239 suffrages exprimés). Une semaine plus tard, les voix communistes se reportent sur ce représentant du Cartel des non et contribuent à sa nette réélection : René Billères totalise 68,9 % des suffrages exprimés (30 283 voix) face au candidat gaulliste, Roger Charier (13 687 voix).

A l'Assemblée, il s'inscrit au groupe du Rassemblement démocratique, qui a pris la suite de l'Entente démocratique, et siège à nouveau au sein de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il dépose une proposition de loi portant amnistie d'infractions contre la sûreté de l'Etat ou commises en relation avec les événements d'Algérie (24 octobre 1966). Ses interventions, au nombre de cinq, sont exclusivement consacrées aux problèmes de l'Education nationale. L'ancien pensionnaire de l'Hôtel de Rochechouart prend la parole à l'occasion du débat des projets de loi de finances et du Ve Plan pour dénoncer l'insuffisance des crédits, défendre la nécessité de prolonger l'enseignement obligatoire, de promouvoir la priorité de l'enseignement technique et professionnel et de moderniser l'université. Lors des grands scrutins de la deuxième législature, René Billères vote pour la ratification du traité du 11 janvier 1963 entre la République française et la République fédérale d’Allemagne sur la coopération franco-allemande (13 juin 1963) et se montre défavorable au projet de loi relatif à certaines modalités de la grève dans les services publics (26 juillet 1963), de même qu’au projet de loi relatif à l’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) ou au texte sur la réforme du service militaire (scrutin du 26 mai 1965).

Après un échec en septembre 1961, au congrès de Royan, au moment où Félix Gaillard abandonne la présidence du Parti radical, René Billères en prend la tête au congrès de Lyon, en septembre 1965, succédant à Maurice Faure : la Place de Valois reste ainsi aux mains des radicaux du Sud-Ouest. René Billères tente d'ancrer à gauche le vieux parti et projette d'en faire l’élément modéré d’une coalition de la gauche qui serait progressivement ouverte aux communistes. Le projet prend forme en septembre 1965 avec la constitution d’une Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), dont il devient vice-président. René Billères soutient François Mitterrand, candidat unique de la gauche, à l'élection présidentielle de décembre 1965. En 1966, quand le député de la Nièvre forme son contre-gouvernement, René Billères y retrouve sa spécialité, l'éducation.

Animateur de la campagne nationale de la FGDS en mars 1967, René Billères est à nouveau candidat aux législatives dans la première circonscription des Hautes-Pyrénées. Dans sa profession de foi, il réclame notamment « l'aménagement de la Constitution pour rendre impossible le détournement du pouvoir au profit d'un homme ou d'une faction », la nationalisation des industries de l'armement et aérospatiales, l'abaissement de la majorité à 18 ans et la réduction progressive de la durée du service militaire. A l'issue du premier tour, il est en première position avec 21 392 voix (42 % des suffrages exprimés) et bat son adversaire gaulliste Francis Pottier au second tour, avec 33 195 voix (65,1% des suffrages exprimés). En sus du désistement du communiste Marcel Lebrun (9 712 voix au premier tour), conformément aux accords passés entre le FGDS et le PCF, l'élu radical a récolté une partie des suffrages de Maurice Bertrand (5 539 voix), candidat du Centre démocrate. Cette stratégie se révèle relativement payante : avec 23 sièges, le Parti radical sauvegarde ses positions au Palais-Bourbon. La même année, René Billères échoue à nouveau dans la conquête d'un mandat local : candidat dans le canton de Lannemezan, le président du Parti radical ne parvient pas à assurer la succession de Paul Baratgin, sénateur-maire et président du conseil général décédé.

Dans l'hémicycle, René Billères, membre du groupe de la FGDS, intervient sur les questions d’éducation lors de la discussion de la déclaration du gouvernement, le 1er juin 1967. Aux côtés de son collègue radical, Hippolyte Ducos, comme lui ancien ministre de l’Education, il dénonce les carences de l’enseignement scientifique dans le supérieur, évoquant l’insuffisance numérique des enseignants, les problèmes de formation à long terme et la nécessaire revalorisation de la fonction enseignante. Il approuve les motions de censure déposées au cours de la discussion du projet de loi sur les pouvoirs spéciaux autorisant le gouvernement à prendre des mesures économiques et sociales par ordonnances (20 mai, 9 et 16 juin 1967).

Les négociations entamées entre la FGDS et le PCF aboutissent le 24 février 1968 à une plate-forme commune, que René Billères présentera comme une « purge » qu’il a fallu « avaler ». Peu à même de peser, il est en effet réduit à un grand écart entre ce qu’il déclare inadmissible Place de Valois et ce qu’il est contraint d’accepter aux réunions tripartites de la FGDS ; mais il plaide inlassablement pour une coalition nécessaire à la survie de son parti.

Au Palais Bourbon, au cœur des événements de mai 1968, le député des Hautes-Pyrénées, orateur de la gauche parlementaire, affronte son ancien condisciple, le Premier ministre Georges Pompidou, lors du débat sur la motion de censure. Le 21 mai 1968, il loue les étudiants d'avoir permis au pays une « prise de conscience rapide et totale de la crise de l'Université et de la jeunesse », puis accuse le pouvoir d'avoir « choisi une société figée, hiérarchiquement organisée, fermée aux évolutions. » Le 30 mai, le général de Gaulle annonce qu’il refuse de se retirer et qu’il dissout l'Assemblée nationale élue un an auparavant.

Député depuis 1946, René Billères se présente à nouveau, le 23 juin 1968, au suffrage des électeurs de la première circonscription des Hautes-Pyrénées. Sa profession de foi est une attaque du gaullisme, selon lui, en « faillite ». Face au porte-drapeau de la FGDS, le PCF investit à nouveau Marcel Lebrun, professeur, et l’Union pour la défense de la République (UDR) l’avocat Roger Charier. Un quatrième candidat, le docteur Pierre Bleuler, conseiller général, est étiqueté modéré. Au premier tour, 12 627 voix (24,7 %) se portent sur son nom. Le candidat gaulliste, qui en a recueilli 12 835 (25,1 %), se désiste en sa faveur en vue du second tour. René Billères, en perte de vitesse, est néanmoins en tête du premier avec 17 367 suffrages (34 % des suffrages exprimés) mais, fait unique depuis 1958, il est devancé de 67 voix dans l’un des cantons de sa circonscription, à Tarbes-sud, par le candidat communiste. Le candidat PCF, qui totalise 8 323 voix (16,3 %), appelle à voter pour René Billères. Le député radical parvient à garder son siège de justesse avec 954 voix d’avance sur Pierre Bleuler et 50,9% des suffrages exprimés.

Au sein de la famille radicale, le débat interne et stratégique qui suit l’échec des élections de juin 1968 illustre le fossé qui n'a cessé de se creuser entre le « clan Billères, » qui croit à l'avenir de la FGDS et souhaite placer le parti au sein d’un Nouveau Parti socialiste ouvert au dialogue avec le PCF, et le « clan Gaillard », qui ambitionne de le repositionner dans l’aile modérée de la majorité gaulliste. A l'Assemblée nationale, membre de la même commission que précédemment, René Billères prend uniquement part à la discussion du projet de loi d'orientation de l'enseignement supérieur, le 4 octobre 1968. L'éclatement de la FGDS le mois suivant ruine l'un des grands projets de sa vie politique. En octobre 1969, au congrès de Nantes, il abandonne la présidence du Parti radical à Maurice Faure, qui agite le spectre de la disparition du parti et Jean-Jacques Servan-Schreiber est élu au secrétariat général. A l'Assemblée, René Billères s'apparente au groupe parlementaire socialiste et n'intervient plus en séance. Pendant cette législature, il vote en faveur de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) comme du projet de loi sur l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968). Il vote contre le projet de loi « anti-casseurs » (4 juin 1970) et pour la réforme du service national (10 juin 1970). René Billères ne vote pas en faveur des déclarations de politique générale de Jacques Chaban-Delmas le 15 octobre 1970 et le 24 mai 1972. Il vote contre le projet de loi portant création des régions (27 avril 1972).

En juin 1972, la minorité radicale favorable à une alliance à gauche et au programme commun de gouvernement rompt, au congrès de Lille, avec la majorité d’un parti présidé par Jean-Jacques Servan-Schreiber depuis l'automne 1971 et se constitue en un Mouvement des radicaux de gauche (MRG), auquel adhère René Billères. Son itinéraire se confond dès lors avec celui de cette nouvelle formation politique. En 1973, il ne sollicite pas le renouvellement de son mandat parlementaire et soutient la candidature d’André Guerlin, ancien député de la deuxième circonscription des Hautes-Pyrénées sous la IIIe législature. Il assure ainsi la victoire du candidat socialiste dans sa circonscription et celle de l’un de ses proches au MRG, François Abadie, dans l’autre circonscription du département.

René Billères ne reste que peu de temps en retrait de la vie politique : les sénateurs radicaux-socialistes Pierre Bourda et Pierre Mailhe ne sollicitent pas le renouvellement de leurs mandats lors des élections sénatoriales de l'automne 1974. Celles-ci permettent à René Billères et au président du conseil général, Hubert Peyou, candidats sur la liste du MRG, d'être élus sénateurs des Hautes-Pyrénées. En 1974, René Billères entre également au conseil régional de Midi-Pyrénées.

Le parlementaire du Sud-Ouest est peu actif au sein de la Haute Assemblée, où il siège sur les bancs de la Gauche démocratique, groupe parlementaire apparu sous la IIIe République, qui réunit les familles centristes, auquel sont rattachés administrativement les sénateurs radicaux de gauche et qui devient le Rassemblement démocratique européen (RDE) en 1989. Membre de la commission des affaires culturelles, il n'intervient à la tribune qu'à une dizaine de reprises, privilégiant les questions touchant l'éducation nationale. Il se pose également en défenseur des intérêts de son département. S'il approuve le projet de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse (1974) et l'instauration du divorce par consentement mutuel (1975), le parlementaire est un opposant résolu à Valéry Giscard d'Estaing : il vote ainsi contre le projet de loi Peyrefitte renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes, le 2 février 1981.

Au sein du MRG, dont il est membre du bureau national, René Billères défend ardemment une unité d'action avec les socialistes, s'opposant en 1981 à la candidature présidentielle de Michel Crépeau pour lui préférer François Mitterrand dès le premier tour. La victoire de ce dernier constitue, dans une certaine mesure, l'aboutissement du projet porté par René Billères dans les années soixante.

En 1983, René Billères se retire définitivement de la vie politique en abandonnant son siège de sénateur à François Abadie. Président d'honneur du Parti radical de gauche (PRG), il décède en 2004, à l'âge de 94 ans. Il était commandeur des Palmes académiques, des Arts et lettres et du Mérite sportif, Croix de guerre 1939-1945, et chevalier de la Légion d'honneur. Homme de parti, figure politique majeure des Hautes-Pyrénées et du radicalisme de gauche, René Billères a mené une longue carrière parlementaire (36 ans) quasiment ininterrompue, mais ce pur produit du radicalisme du Sud-ouest n’est jamais parvenu à s'implanter localement.