Yves Allainmat
1906 - 1993
ALLAINMAT (Yves)
Né le 6 novembre 1906 à Kerity-Paimpol (Côtes-du-Nord)
Décédé le 31 mars 1993 à Lorient (Morbihan)
Député du Morbihan de 1967 à 1968 et de 1973 à 1978
Issu d’une famille de marins, Yves Allainmat fait ses études à l’école normale de Vannes et commence une carrière d’instituteur en 1927 dans le Morbihan. A partir de 1929, il décide de vivre en Afrique noire où il exerce le métier de professeur puis d’inspecteur notamment au Sénégal, en Guinée, au Soudan, au Niger, en Haute-Volta. De 1958 à 1961, il est directeur de cabinet du ministre de l’éducation nationale de Haute-Volta. En 1961, admis à la retraite, Yves Allainmat regagne sa Bretagne natale, adhère au parti socialiste (PS) et prend la tête du journal Le Rappel du Morbihan, l’hebdomadaire régional du parti. En 1965, l’ancien professeur est élu maire de Lorient. En novembre 1973 il devient conseiller régional de Bretagne.
Aux élections législatives de 1967, il est invité par la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) à se présenter à Lorient. Il affronte notamment le ministre des armées, Pierre Messmer dont le suppléant n’est autre que Maurice Bardet, le député gaulliste sortant. Ces derniers sont en tête du premier tour avec 37,3% des voix. Le communiste Jean Maurice recueille 23,5% des voix, Yves Allainmat en totalise 20,9% et Louis Le Montagner du Centre démocrate, 16,4 %. Fort du désistement en sa faveur du candidat communiste et du report d’une partie des voix centristes, Yves Allainmat remporte l’élection au soir du second tour en ayant réuni sur son nom 52,3% des suffrages.
Le député-maire de Lorient s’inscrit au groupe de la FGDS. En outre, il siège pendant toute la durée de la législature à la Commission de la défense nationale et des forces armées. Au cours de ces quelques mois, Yves Allainmat dépose une proposition de loi visant à permettre l’avancement en grade des anciens officiers de carrière mis à la retraite d'office à la suite des lois de dégagement des cadres et rayés des contrôles pendant la période de 1939-1949 (24 avril 1968).
Après le naufrage du Torrey Canyon en 1967, le maire de Lorient s’inquiète à la tribune non pas de la marée noire qui a épargné la côte morbihannaise mais de ses répercussions économiques, en raison d’une « marée d’informations, marée psychologique dont la preuve est faite qu’elle laisse après des résidus aussi difficiles à faire disparaître que ceux du Torrey Canyon » (déclaration du gouvernement sur la protection du littoral contre le pétrole, 26 avril 1967). Ses préoccupations vont en particulier à la situation de la pêche, tant le cours des poissons et des crustacés a baissé. Il réclame alors l’ouverture d’un débat plus général sur la pêche. D’autre part, il est nommé rapporteur au nom de sa commission, sur le projet de loi relatif aux corps militaires des médecins des armées, des pharmaciens chimistes des armées, des personnels militaires féminins, des officiers techniciens et des sous-officiers du service de santé des armées (9 et 14 mai 1968).
Son opposition à la politique gouvernementale durant la législature se traduit par sa participation aux deux motions de censure visant le gouvernement Pompidou le 20 mai 1967 et le 9 juin 1967.
En 1968, Yves Allainmat est emporté par la vague gaulliste. Dès le premier tour, son adversaire de l’UDR Roger de Vitton se place en tête avec 40,2% des suffrages contre 30,3% pour le député sortant, 18% pour le candidat communiste et 9,5% pour Progrès et démocratie moderne (PDM) représenté par Jacques de la Bollardière. Au deuxième tour, moins de mille voix séparent Yves Allainmat de Roger de Vitton qui remporte l’élection avec un score de 51,4%.
Cet échec ne décourage nullement le maire de Lorient. En 1973, toujours investi par les socialistes, Yves Allainmat se présente à nouveau devant les électeurs de la cinquième circonscription du Morbihan. Il obtient 34,8% des voix au premier tour, à égalité avec le député sortant Roger de Vitton. Cependant, il dispose d’un bon réservoir de voix puisque le communiste Jean Maurice totalise 19,6% des voix. Fort d’un bon report des voix du candidat du PCF, Yves Allainmat retrouve le chemin du Palais-Bourbon avec plus de 54,5% des suffrages exprimés. Il décide alors de quitter la mairie de Lorient afin d’éviter un cumul des mandats.
Inscrit au groupe socialiste du Palais-Bourbon, le député de Lorient retrouve les rangs de la Commission de la défense nationale et des forces armées à laquelle il siège jusqu’en avril 1977, lorsqu’il est élu vice-président de l’Assemblée. Il est l’auteur de deux rapports rédigés au nom de sa commission, l’un sur la proposition de la loi tendant à incorporer des appelés dans les régiments des sapeurs-pompiers de Paris (28 juin 1973) et l’autre sur la proposition de loi visant à mettre sur pied un contingent spécial de croix de la Légion d’honneur et de l’ordre national du mérite pour le 30ème anniversaire de la victoire et de la libération des camps de concentration (11 avril 1975).
Au cours de ces quelques interventions, l’élu breton montre un intérêt particulier pour les questions de personnels des armées. Dans une question orale sans débat, il regrette que les mesures d’austérité du gouvernement aboutissent à une baisse du pouvoir d’achat des ouvriers des armées (22 avril 1977). A l’occasion de la déclaration du ministre des anciens combattants et des victimes de guerre sur la situation du monde combattant, Yves Allainmat s’attache à défendre l’amélioration du sort des veuves de guerre et de leurs ascendants (10 mai 1973). Il réclame que le 8 Mai soit une journée nationale fériée et que le contentieux des anciens de l’Algérie soit réglé. Le 17 octobre 1975, lors de la discussion du projet de loi sur le statut général des militaires, le député de Lorient approuve le principe de la réforme qui rend à l’armée sa place dans la nation même s’il en regrette les lacunes, justifiant selon lui que le groupe socialiste s’abstienne de le voter. Le 25 mai 1976, c’est encore au malaise régnant au sein des armées qu’il consacre son intervention sur la programmation militaire pour les années 1977-1982.
Lors des grands scrutins de la législature, Yves Allainmat s’oppose nettement à la politique de l’exécutif : il vote contre la déclaration de politique générale du Premier ministre Pierre Messmer, le 12 avril 1973 ; contre la réduction du mandat présidentiel à 5 ans (modification de l'article 6 de la Constitution) le 16 octobre 1973 ; contre la déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chirac le 6 juin 1974 ; contre la révision de l'article 25 de la Constitution sur les suppléants des parlementaires, le 10 octobre 1974 ; et enfin contre le programme du gouvernement de Raymond Barre, le 28 avril 1977. En revanche, il approuve les grandes réformes de société telles que la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974, et la création du divorce par consentement mutuel le 4 juin 1975 ; il approuve également l’élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel le 21 juin 1977.
En 1978, âgé de 72 ans, le député de Lorient décide de ne pas se présenter à un autre mandat. Pour soutenir son successeur socialiste, il accepte d’être le suppléant de Jean-Yves Le Drian. Ce dernier est élu au second tour des élections avec plus de 52,5% des voix contre le RPR Jean-Claude Croizer.
Yves Allainmat décède le 31 mars 1993 à Lorient. Il était chevalier de la Légion d'honneur et officier de l’ordre des Palmes académiques.
Le stade du Moustoir à Lorient porte son nom, de même qu’un tournoi national de jeunes handballeurs.