Georges, Etienne Bonnet

1889 - 1973

Informations générales
  • Né le 23 juillet 1889 à Bassillac (Dordogne - France)
  • Décédé le 18 juin 1973 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIIe législature
Mandat
Du 11 mai 1924 au 31 mai 1928
Département
Dordogne
Groupe
Radical et radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 24 février 1929 au 31 mai 1932
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 1er mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 26 avril 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Dordogne
Groupe
Républicain radical et radical-socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Dordogne
Groupe
Rassemblement des gauches républicaines et du centre républicain
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Dordogne
Groupe
Entente démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Dordogne
Groupe
Rassemblement démocratique
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Dordogne
Groupe
Fédération de la gauche démocrate et socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 23 juillet 1889 à Bassillac (Dordogne).


Député de la Dordogne de 1924 à 1928, de 1929 à 1942 et depuis 1956

Sous-Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil, Ministre du Budget, des Pensions, du Commerce et de l'Industrie, des Postes, Télégraphes et Téléphones, des Travaux publics, des Finances, et de l'Economie Nationale, des Affaires étrangères et Ministre d'Etat de 1925 à 1940.

Georges Bonnet est le fils de Gaston Bonnet, ancien conseiller à la Cour de Cassation.

Licencié en droit, licencié ès lettres, diplômé d'études supérieures de philosophie, il est brillamment reçu au concours d'auditeur au Conseil d'Etat, en 1913. Mobilisé comme Maréchal-des-logis en août 1914, il termine la guerre comme lieutenant d'artillerie avec la Croix de guerre et celle de Chevalier de la Légion d'honneur.

Après l'armistice, il est nommé, par Clemenceau, directeur des services de la démobilisation, où il travaille avec le général Giraud, Sous-chef d'Etat-major de l'armée.

Collaborateur de Gabriel Hanotaux, de l'Académie française, il écrit avec lui « Le Guide des champs de bataillé de 1914-1918 ».

Délégué de la France à la Conférence de la Paix, dont il est l'un des secrétaires, il approche les grands hommes d'Etat étrangers qui participent à la préparation du traité de Versailles, notamment Wilson et Lloyd-Georges.

Chef de Cabinet du Sous-secrétaire d'Etat aux Postes, télégraphes et téléphones, Louis Deschamps, de 1919 à 1921, il est nommé chef de la délégation française à la Conférence de l'Union postale de Madrid, et fait adopter le franc-or comme monnaie internationale.

Ainsi introduit dans le monde politique, il se présente aux élections générales législatives du 16 novembre 1919 dans son département natal ; il figure en deuxième position sur la liste de concentration économique et républicaine, mais essuie un échec. il prend sa revanche aux élections générales suivantes où il est élu au quotient électoral le 11 mai 1924, sur la liste d'Union des gauches, ayant obtenu personnellement 49 875 voix, sur 106 595 votants. Ce devait être le début d'une carrière politique prestigieuse.

Le scrutin uninominal ayant été rétabli, il est battu le 22 avril 1928 dans la circonscription de Nontron. Son absence de la vie parlementaire est de courte durée. Le 24 février 1929, il emporte, à une élection partielle, au premier tour de scrutin, par 7 220 voix, contre 3 324 à M. Lacombe, le siège laissé vacant dans la première circonscription de Périgueux par l'élection de M. Félix Gadaud au Sénat; il est par la suite réélu aux renouvellements normaux du 1er mai 1932, par 9.705 voix contre 2 343 à M. Eyraud, et du 26 avril 1936, par 8 549 voix contre 5 012 à M. Bouthonnier toujours au premier tour de scrutin.

Il sera quinze fois Ministre : le 17 avril 1925, à 35 ans, il est nommé Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil dans le deuxième Cabinet Painlevé. Il organise ses services, jusque là embryonnaires, rétablit la paix religieuse en Alsace-Lorraine et crée le Conseil économique. Le 29 octobre de la même année, il devient Ministre du Budget dans le troisième Cabinet Paul Painlevé. Il est ensuite successivement Ministre des Pensions dans le deuxième Cabinet Edouard Herriot du 19 juillet 1926, Ministre du Commerce et de l'Industrie dans le premier Cabinet Camille Chautemps du 21 février 1930, Ministre des P.T.T. dans le Cabinet Steeg du 13 décembre 1930, Ministre des Travaux publics dans le Cabinet Paul-Boncour du 18 décembre 1932, Ministre des Finances dans le premier Cabinet Daladier du 31 janvier 1933, le premier Cabinet Albert .Sarraut du 26 octobre 1933 et le deuxième Cabinet Camille Chautemps du 26 novembre 1933.

C'est en qualité de Ministre des Finances qu'il créé la loterie nationale qui devait survivre à tous les événements, et obtient du Parlement le vote de mesures de redressement financier qui, à trois reprises, en février, en mai, et en décembre 1933, réduisent de plusieurs milliards le déficit budgétaire.

Il est à nouveau Ministre du Commerce et de l'Industrie dans le quatrième Cabinet Laval du 7 juin 1935 et le deuxième Cabinet Albert Sarraut du 24 janvier 1936. Il prépare, à ce titre, l'exposition internationale de 1937, approuve les plans du Palais de Chaillot et signe le premier traité de commerce avec les Etats-Unis.

Entre-temps, il est délégué à la Conférence de Lausanne qui le nomme président de celle de Stresa en 1932.

En 1933, il prend la tête de la délégation française à la Conférence de Londres.'

Nommé en juin 1936, ambassadeur de France à Washington, il informe le Président Roosevelt du danger imminent de la guerre et lui demande de ne pas laisser voter la loi de neutralité par le Congrès.

Lors de la crise financière de 1937, il est rappelé en France pour prendre le Ministère des Finances et de l'Economie nationale dans le troisième Cabinet Camille Chautemps formé le 22 juin pour « sauver le franc », selon l'expression de Paul Reynaud. Grâce aux pleins pouvoirs que lui accorde le Parlement, il rétablit une fois de plus notre situation financière.

En janvier 1938, après la chute du Ministère, M. Albert Lebrun, Président de la République, fait appel à lui pour former le nouveau Gouvernement. Assuré du concours de Joseph Caillaux et d'Henri Bérenger, il lance un appel radiodiffuse au pays et lui demande de consentir à l'Union Nationale face à la guerre qui. nous menace. Il demande au Président Lebrun de prendre l'engagement de dissoudre la Chambre au cas où le Gouvernement serait renversé. Mais le Président refuse de lui donner cette assurance.

Il consent malgré tout à entrer dans le quatrième Cabinet Camille Chautemps, en qualité de Ministre d'Etat chargé de la coordination de l'action économique et financière du Gouvernement. Il est ensuite Ministre des Affaires étrangères dans le troisième Cabinet Edouard Daladier. Pendant cette période inquiétante qui précède la guerre, il essaie de toutes ses forces d'en retarder l'échéance pour permettre à notre aviation de rattraper son retard. Il reçoit les Souverains anglais en 1938 au Quai d'Orsay et signe plusieurs accords internationaux notamment les accords franco-espagnols et franco-turcs. Après la déclaration de guerre il quitte le Quai d'Orsay pour la Place Vendôme où il assume les fonctions de Garde des Sceaux dans le même Cabinet.

Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vote les pouvoirs constituants au Maréchal Pétain, comme la majorité de ses collègues du Parlement. Mais il ne cache pas ses sentiments envers l'occupant et, en 1943, menacé d'être arrêté par les Allemands, il se réfugie en Suisse où il écrit deux ouvrages ; « Défense de la Paix » et « Fin d'une Europe ». Rentré en France après la libération, il redescend dans l'arène politique, et malgré les forces d'opposition qu'il trouve en face de lui, se fait élire en 1950 conseiller général du canton de Champagnac, pour être réélu en 1953, et maire de Brantôme. En 1956, il entre à nouveau au Palais-Bourbon, élu sur la liste radicale par 46 511 voix sur 207 400 votants aux élections générales du 2 janvier. Il retrouve son siège à celles du 30 novembre 1958, dans la 3e circonscription de la Dordogne, au deuxième tour de scrutin, par 27 133 voix sur 54 676 votants.

Membre de la Commission des finances depuis 1956, il est rapporteur du budget des Affaires étrangères. Depuis 1959, il appartient au groupe de l'Entente démocratique.

Ses interventions à la tribune, malgré l'intérêt qu'elles présentent, sont trop nombreuses pour être toutes citées. Mais on peut dire qu'il n'est guère de débats financiers, économiques, ou de politique extérieure auxquels il n'ait participé, sans se désintéresser pour autant des questions agricoles, du sort des retraités et pensionnés, etc.

Depuis sa rentrée au Parlement, en 1956, il est intervenu dans les débats budgétaires, dans ceux relatifs au Marché Commun, à l'Algérie, à l'Agriculture, au Maroc, à la Tunisie, à la réforme de l'armée, à la politique extérieure, à la réforme des régimes matrimoniaux, etc. Membre du barreau de Paris depuis 1928, il eut l'occasion de plaider d'importantes affaires civiles, dans la limite où il ne les jugeait pas incompatibles avec ses mandats politiques.

Il a épousé Odette Pelletan, petite-fille d'Eugène Pelletan et de Dionys Ordinaire, qui furent, l'un et l'autre, à l'origine de la fondation de la troisième République. En plus des ouvrages cités plus haut, il a publié : « La philosophie du droit chez Savigny » ; « Lettres d'un bourgeois de 1914 »; « Les finances de la France » (en collaboration avec Roger Auboin); « Comment avoir un franc stable » en 1925, où l'on trouve exposées la plupart des mesurer que devait appliquer peu après Raymond Paincaré; « Le Quai d'Orsay sous trois Républiques » (1960). Il est titulaire de nombreuses décorations étrangères, dont la Grand Croix de l'ordre de Saint-Georges et la Croix de guerre belge.

Au mois d'octobre 1960, il a été l'objet à Périgueux d'une manifestation touchante pour fêter son jubilé politique, au cours de laquelle M. Maurice Faure, ancien Ministre, rendit hommage à « un des plus illustres enfants du Périgord » et évoqua sa politique étrangère pleine de clairvoyance et de perspicacité.




Né le 23 juillet 1889 à Basillac (Dordogne) Décédé le 18 juin 1973 à Paris

Député de la Dordogne de 1924 à 1928, de 1929 à 1942 et de 1956 à 1958

Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 17 avril au 29 octobre 1925 Ministre du Budget du 29 octobre au 28 novembre 1925

Ministre des Pensions du 19 au 23 juillet 1926

Ministre du Commerce et de l'industrie du 21 février au 2 mars 1930 et du 7 juin 1935 au 4 juin 1936

Ministre des Postes, télégraphes et téléphones du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931

Ministre des Travaux publics du 18 décembre 1932 au 31 janvier 1933

Ministre des Finances du 31 janvier 1933 au 30 janvier 1934 et du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938

Ministre d'Etat du 18 janvier 1938 au 13 mars 1938

Ministre des affaires étrangères du 10 avril 1938 au 13 septembre 1939

Ministre de la Justice du 13 septembre 1939 au 21 mars 1940


(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 660 à 662)

Poursuivant l'exercice de son mandat de maire de Champagnac-de-Belair, Georges Bonnet est nommé membre du Conseil national de Vichy puis du Conseil départemental de Dordogne. Inquiété par les résistants et les Allemands, il gagne Paris à la fin de 1943 puis la Suisse en mars 1944. Il y demeurera jusqu'en 1950. Il y publie « Défense de la paix » et rédige la « Fin d'une Europe ».

À la Libération, l'ancien ministre est exclu du Parti radical. Par ailleurs, dans sa décision du 12 décembre 1945, le Jury d'honneur confirme l'inéligibilité qui le frappait en raison de son vote du 10 juillet 1940, favorable au projet de loi portant révision constitutionnelle. Cette décision sera annulée par le Conseil d'Etat le 7 décembre 1956 au motif que Georges Bonnet n'avait pas été informé de l'instance pendante devant le Jury d'honneur et mis à même de présenter ses observations.

Cependant Georges Bonnet prépare son retour politique. Président de la Ligue de la République (1950), il enlève au premier tour le siège de conseiller général de Champagnac-de-Belair lors du renouvellement d'octobre 1951. Le préfet ne soulève pas son inéligibilité. Il conserve son siège en avril 1958. Entre temps, consolidant sa réimplantation en Dordogne, il est élu conseiller municipal de Brantôme aux élections d'avril mai 1953 et accède au poste de maire deux ans plus tard. Parallèlement il reprend place dans les instances locales du Parti radical : Président du Comité de Périgueux en juin 1953, il devient Président de la Fédération de ce parti pour l'arrondissement de Périgueux-Ribérac en septembre 1955. Ce patient travail de reconquête lui permet, après la dissolution de l'Assemblée nationale, d'être désigné comme tête de liste par la Fédération radicale de la Dordogne aux élections législatives du 2 janvier 1956. Toutefois, la direction nationale lui préfère Henry Laforest, député sortant. À nouveau exclu de son parti, Georges Bonnet maintient sa candidature. Dans ses engagements électoraux il insiste sur la réforme électorale (scrutin uninominal majoritaire à deux tours), la réforme de l'Etat et l'Afrique du Nord. Avec 43 062 voix soit 21,2 % des suffrages exprimés, sa liste devance largement celle d'Henry Laforest (11,6 %) et Georges Bonnet a de surcroît la satisfaction d'avoir recueilli à titre personnel la confiance de 46 511 électeurs.


À l'Assemblée, fidèle à son parti, le nouveau député de la Dordogne s'inscrit au groupe R.G.R. et siège à la Commission des finances qui le désigne pour rapporter le budget des affaires étrangères. Si son travail parlementaire, - propositions de loi, rapports et interventions - a trait aux questions économiques et fiscales ainsi qu'à la politique extérieure, il ne néglige pas pour autant les intérêts de son département, notamment des agriculteurs et des viticulteurs.

Il vote la confiance à Guy Mollet (31 janvier 1956) et les pouvoirs spéciaux en Algérie (12 mars 1956) mais refuse la confiance à Bourgès-Maunoury sur les institutions de l'Algérie (30 septembre 1957) avant de soutenir Félix Gaillard. Le 27 février 1958, lors de la discussion des crédits militaires, il insiste sur la nécessité d'« en finir vite » et prévoit que l'affaire algérienne handicapera la France dans le marché commun et deviendra un obstacle à la réalisation de ses engagements européens.

Parlementaire chevronné, profondément attaché à la démocratie représentative, Georges Bonnet participe au débat sur les institutions. Le 21 février 1958 il dépose une proposition de résolution tendant à réviser la Constitution afin de soumettre à référendum la modification de la loi électorale. Les 20 et 21 mars 1958, lors d'un débat sur la révision de la Constitution, il défend les prérogatives du Parlement quant à l'élaboration et au vote de la loi et subordonne la mise en œuvre de la réforme constitutionnelle à l'adoption du scrutin uninominal majoritaire à deux tours et à une révision du règlement de l'Assemblée. Après avoir voté la confiance à Pierre Pflimlin (13 mai 1958) et l'état d'urgence (16 mai), Georges Bonnet intervient dans le débat d'investiture du général de Gaulle. Plaidant pour l'Assemblée nationale qui, en ce qui concerne l'Algérie, « a accordé tout ce qui était exigé par les gouvernements successifs », il apporte son approbation de principe à une réforme de la Constitution et « retient l'assurance donnée par le gouvernement qu'il s'appliquera à défendre les libertés et qu'il entend conduire au salut de la République ». Le 1er juin 1958, le député de Dordogne accorde sa confiance au général de Gaulle. Le lendemain il vote les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle.


BONNET (Etienne, Georges)
Né le 23 juillet 1889 à Basillac (Dordogne)
Décédé le 18 juin 1973 à Paris

Député de la Dordogne de 1924 à 1928, de 1929 à 1942 et de 1956 à 1968

Sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 17 avril au 29 octobre 1925

Ministre du budget du 29 octobre au 28 novembre 1925

Ministre des pensions du 19 au 23 juillet 1926

Ministre du commerce et de l'industrie du 21 février au 2 mars 1930 et du 7 juin 1935 au 4 juin 1936

Ministre des postes, télégraphes et téléphones du 13 décembre 1930 au 27 janvier 1931

Ministre des travaux publics du 18 décembre 1932 au 31 janvier 1933

Ministre des finances du 31 janvier 1933 au 30 janvier 1934 et du 22 juin 1937 au 18 janvier 1938

Ministre d'Etat du 18 janvier 1938 au 13 mars 1938

Ministre des affaires étrangères du 10 avril 1938 au 13 septembre 1939

Ministre de la justice du 13 septembre 1939 au 21 mars 1940

Georges Bonnet appartient à ces rares hommes politiques français qui ont siégé au Parlement sous trois Républiques. Quand il retrouve le Palais-Bourbon en 1958, Georges Bonnet a derrière lui un long passé de député et de ministre dont la notoriété dépasse très largement les frontières de la Dordogne, sa terre natale et d’élection et du parti radical, sa famille politique.

Sa carrière prestigieuse sous la IIIe République l’a conduit, très vite après sa première élection à la Chambre en 1924, sur une liste d’Union des Gauches, au gouvernement, d’abord comme sous-secrétaire à la présidence du Conseil en 1925 puis à des postes de plus en plus importants dont le ministère des Finances (1933-34 et 1937-1938) et surtout le ministère des Affaires étrangères d’avril 1938 à septembre 1939. Il s’impose durant cette période comme une figure majeure du radicalisme mais aussi de la vie politique française et comme l’homme fort de la Dordogne où il a tissé une abondante et fidèle clientèle. À la fin des années 1930, il est un des chantres du pacifisme et un des plus ardents partisans des accords de Munich, conclu par le président du Conseil, Daladier. Jusqu’au bout, en septembre 1939, il tente de sauver la paix mais il doit finalement accepter la déclaration de guerre à l’Allemagne, le 3 septembre, après l’invasion de la Pologne.

La guerre marque un coup d’arrêt dans le parcours politique de Georges Bonnet. Le député de la Dordogne vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 et manifeste sa vive sympathie pour le régime de Vichy qui le désigne comme membre de son Conseil national. En 1943, Bonnet quitte la France pour la Suisse où il reste jusqu’en 1950 mais sans négliger de maintenir ses réseaux, notamment en Dordogne et à Paris. Son attitude pendant la guerre l’écarte de la vie politique durant les années qui suivent la Libération. Mais dès qu’il le peut, Bonnet cherche à retrouver sa place et comme l’écrit son biographe : « il entame avec succès une reconquête judiciaire, médiatique et politique qui lui ouvre, après 1951, un second parcours local et national, nettement plus conservateur ». Il y parvient dès 1950 en se faisant élire conseiller général de Champagnac-de-Belair puis conseiller municipal (1953) puis maire de Brantôme en 1955 mais il échoue aux législatives de 1951 et doit attendre 1956 pour reconquérir un siège de député. Les 1er, 2 et 3 juin 1958, il vote l’investiture du général de Gaulle et les textes qui lui confèrent les pouvoirs constituants.

Lors des premières élections législatives de la Ve République, Bonnet se présente dans la 3e circonscription de la Dordogne, comprenant, écrit-il : « les cantons du Nontronnais, du Ribéracois et du Périgord, régions auxquelles je suis profondément attaché depuis le début de ma vie politique et qui m’ont prouvé leur fidélité ». Face à lui se présentant sous l’étiquette « Entente Républicaine et Radicale-RGR », quatre autres candidats : un député sortant, conseiller général et maire de Nontron, ancien ministre, Henry Laforest, un radical qu’il a déjà affronté en 1956 ; un communiste, Pierre Passerieux, un socialiste Pierre Andrieu et un socialiste indépendant de sensibilité gaulliste Antoine Boutineau. Force est de constater que Bonnet ne se voit opposer aucun candidat UNR. Il est vrai que sa profession de foi ne peut pas inquiéter les partisans du général de Gaulle : elle commence par un bilan très critique de la IVe République, une approbation totale du retour au pouvoir du Général et de la Ve République. Au 1er tour, il arrive très largement en tête avec 22262 voix sur 53102 suffrages exprimés, loin devant Passerieux (12 065) et Laforest (10 531). Le 30 novembre, Bonnet triomphe avec 27 133 voix dans la triangulaire qui l’oppose à Laforest (15 187) et Passerieux (13 03).

C’est sur l’Algérie que Georges Bonnet se sépare de de Gaulle. En 1961, Bonnet, comme Sicard et Rousseau, les députés gaullistes élus en Dordogne en 1958 sont hostiles au référendum car ils défendent les droits du Parlement et l’Algérie française. Le 27 avril 1962, Bonnet refuse la confiance à Georges Pompidou. A l’automne 1962, il vote la censure et mène campagne du côté du cartel des non contre la révision de la Constitution. Aux élections législatives de novembre 1962, Bonnet, avec son fils Alain-Paul comme suppléant, retrouve deux concurrents à gauche, Passerieux (PCF) et Léon Michel (SFIO) mais doit cette fois affronter un candidat investi par l’UNR-UDT, Pierre Beylot. Sa profession de foi a changé de ton : « la situation actuelle de la France est grave ». Le texte expose longuement « ce que nous voulons », insistant sur la défense de l’agriculture, mêlant habilement le programme national et les projets pour la circonscription : « nous continuerons de défendre la République et nos libertés et nous essayerons de rendre toujours plus heureuse notre chère contrée ». La campagne électorale est dure. Beylot s’en prend à Bonnet dans un tract : « M. Bonnet est un homme politique qui s’est toujours trompé. En 1940, il misa sur la collaboration avec une Allemagne nazie et ce furent les alliés qui gagnèrent la guerre ». Et Bonnet publie le fac-similé d’une lettre du général de Gaulle du 22 mai 1961 qui rend grâce à son action au Quai d’Orsay… Le 18 novembre, sur 46701 voix, le député sortant recueille 18318 voix ce qui montre une légère érosion de son assise mais il devance Passerieux (12317) et Beylot (10364). Au 2e tour, il l’emporte dans une nouvelle triangulaire avec 22726 voix contre 15959 au candidat communiste et 10534 au candidat gaulliste.

En 1967, quatre candidats se disputent le siège de député de la 3e circonscription : Bonnet retrouve ses « vieux » adversaires, Passerieux et Laforest et affronte un nouveau candidat gaulliste, Jean Arnaud. Le député sortant met en avant son bilan : « vous savez (…) que je n’ai pas cessé de défendre les intérêts légitimes de notre circonscription et du département de la Dordogne, tant à la tribune de l’Assemblée nationale qu’au sein du Conseil général. Vous savez tous que je me suis occupé de chacun de vous, chaque fois que vous me l’avez demandé ». Mais il appuie aussi sa candidature sur son image : « ayant occupé les plus hauts postes de l’Etat ; ayant eu comme collaborateurs à mon cabinet des hommes qui occupent les plus hautes fonctions (privées ou publiques) ; étant accueilli avec déférence dans les grandes capitales étrangères, récemment encore… ». Son programme politique est de plus en plus sévère envers la Ve République : « le sens des élections du 5 mars, c’est la grande bataille des républicains contre le pouvoir personnel » et « à la démocratie s’est substitué un pouvoir absolu ». Il dénonce « l’ambition personnelle » de Laforest et le « parachuté » gaulliste : « il n’est pas de chez nous ; il ne peut donc comprendre ni nos problèmes, ni nos aspirations, ni nos difficultés ». Au 1er tour, Bonnet arrive en tête avec 19 613 voix (sur 52 081 exprimés) devant Passerieux (14 759) et Arnaud (10336) et enfin Laforest (7 373). Au soir du 12 mars, il est réélu avec 31 496 voix face à Arnaud (16 870).

Il n’en est pas de même un an plus tard, lors des élections de juin 1968. Pour la première fois, Bonnet (16583 voix) est distancé au 1er tour par Pierre Beylot (19 981 voix sur 51 196) tandis que Passerieux reste stable (12 974) et que Jean Poms, PSU, n’obtient que 1 658 voix. Et au 2e tour, Beylot l’emporte par 25 362 voix contre 24 662 pour Bonnet. Certes, le contexte n’était pas favorable et la peur a joué en faveur du candidat gaulliste sur cette terre de gauche. Mais l’historien Jacques Puyaubert voit d’autres facteurs expliquant l’échec de Bonnet : « l’usure de cette longue présence parlementaire, l’âge avancé face à une génération dynamique, le déclin quantitatif d’un électorat essentiellement rural sont des facteurs plus profonds à prendre en compte. Une manière de faire de la politique à l’ancienne a été rejetée par les électeurs ».

Durant ces années 1960, Bonnet a oscillé entre une position centriste et un engagement à gauche. Après avoir appartenu aux non inscrits au début de la 1ere législature de la Ve République, il siège, avec la majorité des radicaux, à l’Assemblée nationale, au groupe de l’Entente démocratique à compter de juillet 1959, puis du Rassemblement démocratique (1962) et au groupe FGDS (1967). Aux élections cantonales de 1964, à Périgueux, il dénonce les extrêmes, gaullisme et communisme, devance Yves Guéna au 1er tour et l’emporte sur Yves Péron, le communiste, au 2e tour. Aux municipales de 1965, à Périgueux, il soutient le radical Lucien Barrière qui affronte Guéna et Péron et contribue à le faire gagner alors qu’au 1er tour, les trois candidats sont dans un mouchoir de poche. Aux présidentielles de 1965, Bonnet caresse l’espoir d’une candidature Pinay puis se rallie à celle de François Mitterrand. Le milieu de la décennie est aussi le moment où grâce à l’appui de Maurice Faure, Bonnet est réintégré au plus haut niveau chez les radicaux et il devient même président d’honneur du parti avec Daladier en 1967. Ce retour et son investiture FGDS n’en suscite pas moins des grincements de dents au sein de la plus jeune génération : Michel Winock, dans Esprit, déplore les compromissions qui autorisent le retour des « vieux renards de la droite » dont Georges Bonnet « le Munichois ». Comme l’écrit Jacques Puyaubert : « s’il rallie l’union de la gauche, c’est pour résister à la vague gaulliste conquérante. Les conceptions sont restées toutefois des plus modérées, attisées par l’anti-soviétisme sans ambages de celui qui regarde bien davantage vers le modèle américain que vers la construction européenne en gestation ».

Georges Bonnet est un parlementaire actif entre 1958 et 1968. Il est membre de la commission des Finances, de l’économie générale et du Plan durant toute la période, il participe à plusieurs commissions mixtes ou commissions spéciales dont celle chargée d’examiner le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre des mesures d’ordre économique et social, en juin 1967, qu’il préside. Il aime rappeler aux électeurs son activité parlementaire dans ses professions de foi. Ainsi, en 1962, il écrit : « je suis intervenu dans tous les grands débats de politique extérieure, financière et agricole de 1959 à 1962 (…).

Ayant pris la parole quatre fois en 1958, quatre fois en 1959, trois fois en 1961, deux fois en 1962, pour la défense de vos droits et celle de vos personnes ou de vos biens, j’ai conscience, mes chers amis, d’avoir bien rempli les devoirs de mon mandat ». Ce sont les questions économiques – notamment agricoles - et financières, d’une part et diplomatiques, d’autre part qui l’intéressent le plus et il sait qu’il dispose, en ce domaine, une expérience et une compétence reconnues. Ainsi, le 15 juin 1960, il prend part au débat sur la déclaration du Gouvernement sur la politique étrangère. Il s’y inquiète des progrès du communisme international, de l’avenir de l’Afrique et trace les grandes lignes d’une autre politique : revenir à la diplomatie classique, fortifier l’alliance atlantique, prendre la tête du mouvement européen et former une Communauté unissant l’Europe et l’Afrique.

Georges Bonnet se situe dans l’opposition à l’Assemblée comme l’attestent ses votes. Après une courte période (1959-février 1960) où il soutient le gouvernement Debré, il entre clairement dans le rejet de la politique gaullienne : il s’abstient sur la ratification du traité franco-allemand de 1963 et manifeste ensuite son opposition dans tous les grands scrutins, votant les diverses motions de censure du 4 octobre 1962 qui provoque la chute du gouvernement Pompidou, du 20 avril 1966 pour protester contre le retrait de la France de l’OTAN, des 20 mai et 9 juin 1967 condamnant les pouvoirs spéciaux en matière économique et financière pour le gouvernement.

Après son échec aux législatives de 1968, les derniers combats politiques menés par Bonnet concernent son opposition au référendum de 1969 et son engagement aux côtés d’Alain Poher pour la présidentielle de 1969. Ensuite, G.Bonnet se consacre à son Périgord et à la rédaction de ses mémoires. Soucieux de l’image, plutôt négative, laissée par son action diplomatique au Quai d’Orsay à la fin de la IIIe République, il passe beaucoup de temps à compléter les écrits mi-historiques, mi-politiques publiés sous la IVe République comme Défense de la paix ou La fin d’une Europe et il ne cesse de se défendre ce qui l’amène souvent à un parti pris hagiographique : il publie en 1960 Le Quai d’Orsay sous trois Républiques, puis Vingt ans de vie politique (1969) et Dans la tourmente (1970). Parallèlement, il prépare méthodiquement sa succession en transmettant son fauteuil de conseiller général de Champagnac-de-Belair (1964) et la mairie de Brantôme (1965). Il a ainsi réussi à préserver son capital politique qu’il transmet par étapes à son fils Alain-Paul, son suppléant depuis 1962 et avant de mourir, Georges Bonnet peut voir son fils gagner l’élection législative de 1973 en Nontronnais et prendre la suite pour vingt ans de son père, dans cette circonscription à laquelle la famille est très attachée.